
Dans la vallée du Nil, un village est devenu la capitale des pneus d’Égypte. On les recycle en carburant, en matière première ou en objets du quotidien.
Camions, tracteurs, transpalettes. Qu’ont-ils en commun ? Des pneus. Des tonnes de pneumatiques qui s’usent et s’entassent dans les décharges car ils sont difficiles à recycler. Mais on peut les réutiliser… Partout en Égypte, des collecteurs récupèrent ces déchets ingérables et les apportent 70 kilomètres au nord du Caire. Là, ils sont revendus au village de Mit al-Harun pour un prix variable selon la taille, pouvant atteindre 70 livres égyptiennes, environ 4 euros pièce. Alors tout le village se met au travail.
Sur la route qui arrive au village se dressent des montagnes de pneus entassés qui transitent ensuite vers différents ateliers, comme le décrivent les reporters de l’AFP qui s’y sont rendus début 2020. On y découpe les pneus au couteau, avant de les amener à des machines pour les tailler ou les débiter. En lanières, ils seront tressés pour faire des paniers par exemple ; en copeaux, ils serviront d’agglomérat pour tapisser les sols des aires de jeux d’enfants. Les parties inutiles seront revendues comme carburant pour des usines, un substitut au fioul bien meilleur marché. Les morceaux métalliques des roues sont revendus pour être eux-mêmes revalorisés.

Depuis des décennies, les enfants apprennent de leurs parents à travailler le caoutchouc. Un travail pénible et dangereux : la suie inhalée est fatale pour les voies respiratoires. Hélas, ce village-entreprise est rentable et permet à chacun de ses habitants de subsister alors qu’un Égyptien sur trois vit sous le seuil de pauvreté, fixé à 480 euros… par an. En attendant des pneus plus bio-sourcés, l’industrie réutilise une part des pneumatiques usés comme matière première des nouveaux pneus fabriqués.
Crédits photos : AFP / Khaled DESOUKI