
Le tronçon de 64 kilomètres, sur une route qui relie la capitale économique La Paz à la ville de Coroico, a été surnommé « le chemin de la mort » par les locaux. La construction d’une nouvelle route en 2006 a néanmoins permis de réduire le nombre d’accidents.
Pas vraiment la Nationale 7. En 1995, alors que 26 accidents graves avaient été recensés au cours des 12 derniers mois, la Banque interaméricaine de développement (BID) baptise alors cette route « la plus dangereuse du monde ». Imaginez : 3500 mètres de dénivelés sur un chemin au bord d’une falaise sans barrière, parfois large de 3 mètres avec des éboulements, des cascades d’eau, de la boue, du brouillard, des virages serrés et un énorme ravin : la route des Yungas est un enfer, d’où son surnom, « El camino de la muerte ».
Et pourtant, bus, camions, taxis collectif et véhicules l’ont emprunté quotidiennement depuis sa construction dans les années 30 par des prisonniers de guerre paraguayens, même si selon les chiffres, il y eut entre 200 et 300 morts par an. On parle de plus de 20 000 décès au total. Aujourd’hui, des croix indiquent les lieux où des gens ont perdu la vie. Il y a tout le long du chemin. Avant le départ, les conducteurs ont pour habitude de prier. Ils murmurent des incantations en jetant quelques goûtes de bières ou d’alcool sur leur véhicule. Une lampée pour se donner du courage et la clef se tourne pour mettre le contact.
https://twitter.com/WorldTourisms/status/1476463480584962052
À partir du moment où un véhicule est lancé, impossible de savoir s’il arrivera à bon port. Et comme il n’y a qu’un seul chemin, les véhicules ne peuvent pas se croiser. Les conducteurs sont obligés de faire des marches arrière périlleuses pour laisser passer l’engin d’en face.
Dans un article de Libération, une personne raconte :
« Les premiers kilomètres, ça va. Mais arrive un moment où l’on quitte l’asphalte pour une corniche, et là, c’est l’enfer. Il y a à peine la place pour une voiture, mais les bus se croisent dans les virages, alors il faut reculer. Parfois, on ne voit pas les roues, on espère qu’elles touchent encore le sol, mais on n’en sait rien. Surtout, il y a les pleurs. Les étrangers, les Boliviens de la ville ou les Indiens, tout le monde chiale en silence. On essaye de se rassurer malgré tout, on se dit que le chauffeur fait le trajet deux ou trois fois par semaine depuis vingt ans et qu’il connaît son engin. Puis on se penche à la fenêtre, on aperçoit les carcasses cramées au fond du ravin, et on ravale sa confiance. »
Le pire accident du pays a eu lieu sur cette route. En juillet 1983, 100 passagers d’un bus sont morts. Le 27 juin 2002, une marche arrière mal négociée a précipité un bus dans un ravin. Le bilan humain s’est élevé à 44 personnes. Des travaux, terminés en 2006, permettent maintenant de contourner ce tronçon mortel. Ceci étant dit, la piste n’est pas pour autant interdite ou fermée.
Elle est devenue un lieu touristique pour les cyclistes en quête de « sensations fortes ». Des entreprises et des locaux proposent des sorties vélo. Sauf que chaque année, des touristes étrangers et des conducteurs trouvent la mort sur ce chemin. En 2011, selon des chiffres relayés par 20 Minutes, il y aurait eu 29 morts et 155 blessés sur un total de 116 accidents. En 2019, il y aurait encore eu 43 accidents et 83 décès. Comme quoi, même à vélo, la route des Yungas reste la plus dangereuse au monde.
https://twitter.com/RenaudB31/status/1199708456879411200