
Des ingénieurs américains ont décidé que pour l’aérospatial aussi, il était temps de passer aux moteurs hybrides. Leur coup de force ? Ils ont ajouté un moteur à eau. Résultat : 30% de pollution en moins.
Houston, on a un problème. Au moment du décollage, une fusée telle qu’Ariane consomme de l’oxygène et du kérosène et relâche une quantité importante d’acide chlorhydrique et d’alumine. Pour éviter de polluer les sols, on prévoit généralement une zone d’un kilomètre de rayon autour du pas de tir. Pour l’air, on compte sur le vent marin… On s’en doute, réduire cette pollution serait très appréciable. Mais c’est plus vraisemblablement la volonté de réduire les coûts de carburant qui a poussé l’entreprise ARCA Space Corporation à se lancer dans la conception d’un moteur à eau.
Le lanceur qu’ils ont inventé combine un réservoir rempli d’eau sous pression chauffé par une installation de batteries électriques à 250°C. À cette température, les jets de vapeur servent à propulser la fusée, initiant ainsi le décollage.
L’eau, le b.a.-ba. Un tel montage n’est pas nouveau, loin de là. La Cité de l’espace, à Toulouse, s’en sert par exemple pour expliciter le principe physique d’action/réaction. Mais les Américains ont voulu le pousser au maximum. Ils se sont rapidement rendu compte que pour maintenir la poussée jusqu’à la sortie de l’orbite terrestre, il allait falloir beaucoup plus d’eau ; au point que les réacteurs seront devenus trop lourds pour rendre l’installation rentable. Par contre, il était parfaitement possible de combiner le lanceur à eau à une propulsion au propergol classique. La réaction à eau servirait au décollage puis les boosters de kérosène prendraient le relai dans l’atmosphère.
1 million de voitures en moins. Si on croit Dumitru Popescu, le PDG fondateur d’ARCA Space cité par le JDD, chaque fusée pollue autant qu’un million de voitures au décollage. Selon les chercheurs, le lanceur hybride permettrait de réduire de 30% les gaz polluants libérés au décollage, justement au moment où la fusée est la plus proche de nous. Surtout, cette innovation limitera les risques d’accidents au sol : l’explosion d’un réservoir d’eau est moins dangereux car il ne prend pas feu. Les premiers tests du moteur LAS 25DA étant convaincants, les ingénieurs américains se préparent maintenant à envoyer un satellite d’une centaine de kilos sur leur lanceur. À Kourou comme chez ARCA, on croise les doigts.