
Avec un cap fixé à 1000 bornes de recharge haute puissance d’ici à 2022, Total annonce la couleur et vise à s’imposer dans le marché des stations-services vertes.
“Le marché qui va croître n’est pas celui du pétrole, mais celui de l’électricité.” La citation n’est pas d’un responsable de Greenpeace, ni de Greta Thunberg. Contre toute attente, on la doit au PDG de Total, Patrick Pouyanné, dans une récente interview au Monde. Et elle illustre bien le grand virage dans lequel est engagé le géant pétrolier, si décrié depuis des décennies. Ainsi, les choses sont claires pour Total, la fin du pétrole semble plus proche que prévu, avec “un plateau vers 2030, notamment parce que l’Europe et la Chine auront basculé vers le véhicule électrique“. Sacrée surprise.
Entretien avec Patrick Pouyanné, PDG de Total : « La question de la pérennité des compagnies pétrolières est posée » https://t.co/ghIcBgDuAc
— Le Monde (@lemondefr) June 4, 2020
Il est vrai que la voiture électrique entre peu à peu dans les mœurs. Elle est donc en train de devenir plus qu’une utopie, mais plutôt un modèle économique séduisant pour les grands acteurs industriels. Selon l’Agence internationale de l’énergie, en 2019, le nombre de bornes de recharge a augmenté de 60% dans le monde. La borne est une espèce en voie d’expansion, qui représente un marché en pleine croissance, peuplé d’acteurs dynamiques parmi lesquels Total compte bien se tailler la part du lion.
Vous ne viendrez plus chez eux par hasard. Si la marque propose aujourd’hui 15 000 bornes de recharge en France et plus de 75 000 en Europe, elle affiche l’objectif ambitieux de doubler ce chiffre (150 000) d’ici 2025. Parmi celles-ci, 1000 points positionnés à proximités des voies rapides en Europe seront pourvus de bornes ultra-haute puissance (175 kW). L’objectif à terme est d’obtenir un maillage dense de stations, où les bornes seront réparties à un intervalle de 150 km. Dernier point, les tarifs. Selon Les Numériques, ceux proposés à la station de Limours sur l’A10 s’élèvent à 0,35 euros par kW h pour le 43 kW (AC) et 50 kW (DC) et 0,55 euros par kW h sur le 175 kW. Soit environ 6 euros pour effectuer 100 kilomètres. Un coût plus élevé qu’à domicile expliqué par un service beaucoup plus performant.
Un réseau qui va se densifier. Le manque de stations de recharge est l’un des obstacles majeurs à l’adoption de la voiture électrique. Cela dit, rassurons-nous, la donne est partie pour changer. Si la France compte déjà deux fois plus de bornes de recharge que de stations-essence (environ 29 000 points), le chiffre est sur le point d’exploser puisque le chef de l’État comme le secrétaire d’État aux Transports (Jean-Baptiste Djebarri) ont annoncé récemment un objectif de 100 000 bornes de recharge dès 2021. 70 000 bornes installées en 18 mois, l’agenda laisse songeur mais gageons qu’avec des acteurs dynamiques tels que Total, le réseau de recharge se densifiera très rapidement les deux prochaines années.