Chéri, j’ai rétréci l’auto. Signe des temps : le mois dernier, la France enregistrait plus de ventes de voitures électriques que de voitures diesel. Un changement certes attendu. Mais que ce qu’on n’avait pas vu venir, c’est le remplacement des concept-cars futuristes par des micro-voitures dans les salons automobiles.

“La micro-voiture électrique est une opportunité pour rendre la mobilité routière française et son industrie décarbonée et résiliente”. (The Shift Project)

Elles ne mesurent pas bien plus de 3 mètres de long et 1 mètre de large pour la plus petite, mais sont suffisantes pour embarquer 2 voire 3 passagers. Évidemment, elles sont toutes électriques avec de petites autonomies prévues pour les environnements urbains où elles font des miracles pour braquer, se faufiler et se garer partout. Jugez plutôt.

Tensions et coup de foudre. On vous avait déjà présenté la Microlino, voiture-boule qui s’ouvre par l’avant. Vous vous souvenez aussi de la City Transformer, qui se replie pour se garer plus facilement. Mais il y en a de plus en plus chaque année. Voici par exemple l’e-Wave X d’e-Go, un crossover qui rappellera des souvenirs à ceux qui empruntaient les Bluecar. Dotée d’un châssis aluminium, de 4 places assises et d’une conduite sport avec un moteur 80kW, elle veut rien de moins que concurrencer les citadines actuelles

On pourrait aussi vous citer la Birò (1 mètre de large), ou la Silence S04, une 3 places espagnole inventée par un fabricant… de scooters. Elle en emprunte d’ailleurs les batteries et existe en version sans permis de 6kW, bridée à 45 km/h. Mais notre gros coup de cœur sera pour la Patak : le plus petit roadster du salon avec un moteur 15 kW et un look décalqué sur la Lotus Seven, la biplace rendue célèbre par la série Le Prisonnier ou Belmondo dans Flic Ou Voyou.

En comptant les véhicules sans permis, le Mondial de l’automobile de Paris présente en 2022 une dizaine de ces véhicules miniaturisées, tandis que plusieurs grands constructeurs ont déjà leur propre modèle de micro-citadine (telle la SEAT Minimó, marque partenaire de Détours). Pourtant cette tendance ne date pas d’hier. Souvenez-vous.

Mini mais mimi. Dès les années 40, des constructeurs comme Larmar, Chausson ou Sofravel sortent des voiturettes souvent monoplaces à mini-performances. Les années 50 ajoutent une touche design, pour le meilleur (la TS coupé de Googgomobil), le moyen (la 400 de Vespa), comme le pire (l’Atom de Fairthorpe) dont on retiendra surtout la mythique Isetta.

Les choses s’accélèrent avec le choc pétrolier des années 70. Le pétrole est rare, et l’idée de rouler une taille en-dessous se répand. Au tournant 1980, le marché voit débouler (à petite vitesse) quelques surprises comme la portugaise Sado 500 (à peine 2,36 mètres de long), la Citadine (première électrique à courant continu) et même la première Ligier, marque devenue emblématiques des sans-permis mais qui concourait alors… en Formule 1.

Avec le temps, les micro-voitures se sont “radicalisées” : dans les années 90, elles se sont soit embourgeoisées (les Mini), soit destinées aux victimes d’un radar punitif (Ligier). Il faut attendre le tournant des années 2000 pour que ces voitures redeviennent un choix environnemental : celui de moins consommer de carburant fossile. Même la très sérieuse ONG écolo The Shift Project considère le choix d’une micro-voiture électrique comme “une opportunité” pour “rendre la mobilité routière française et son industrie décarbonée et résiliente“.

Demain : une roue en moins ? Depuis 10 ans, ce sont les voitures à trois roues qui font rêver les startups. Que ce soit avec des formes futuristes comme l’AKO (ci-dessous) ou rétro-chic comme la Sondors, les « trikes » comme les appellent les Américains ont le vent en poupe et les levées de fonds font des miracles. Et il y a une bonne raison à cela.

Plus les métropoles vont réduire les motorisations autorisées en ville, le nombre de places de stationnement, l’espace dédié aux voiture sur la chaussée… et plus il sera rentable d’opter pour un véhicule plus petit. Alors, autant vous y faire, la citadine de demain sera peut être moitié moins grande que celle d’hier.