
Fondateurs de Veja, Sébastien Kopp et Ghislain Morillon produisent depuis dix ans la basket équitable et respectueuse de l'environnement. Aujourd'hui, ils ont changé le regard et l'impact d'un produit emblématique de la mondialisation d'hier.
Le pied à l’étrier. L’un est diplômé de HEC, l’autre de l’université Paris-Dauphine, tous les deux en économie. Amis depuis qu’ils ont 15 ans, Sébastien Kopp et Ghislain Morillon suivent un parcours similaire et commencent par bosser dans des banques d’affaires, sans accrocher. « Ça manquait de sens et d’éthique », se souvient Sébastien. Lui qui a rédigé son mémoire sur le rôle des entreprises sur le développement durable, il aspire à plus. D’autant qu’alors, au début des années 2000, le sujet émerge à peine.
“On voulait faire des baskets, un produit qui n’existait pas dans le commerce équitable mais produit symbolique du capitalisme.”
Après avoir tous les deux quitté leur job, ils décident de monter leur boîte, comme ils en rêvent : « On a vérifié sur le terrain, l’écart entre les discours sur le développement durable et la réalité. On s’est dit que la politique ne changerait pas grand-chose. » Prenant exemple sur la marque Alter Eco, ils veulent modifier les rapports économiques avec tous les acteurs de la chaîne. « Eux font du thé, du café, des oranges… Nous, on va faire des baskets. Un produit qui n’existait pas dans le commerce équitable, un produit symbolique du capitalisme. »
Pied au but. Il leur faut un an pour créer les premiers modèles, qui sont finalement officiellement présentés au Palais de Tokyo en mars 2005. C’est le Brésil qui est retenu comme lieu de fabrication. Toutes les matières premières dont ils ont besoin s’y trouvent : coton bio, caoutchouc naturel, tannage végétal pour le cuir. « On adore ce pays où ils ont une mentalité du possible. Personne là-bas ne nous a dit qu’on n’y arriverait pas ou que c’était trop difficile. »
Avec la marque Veja, vous connaissez toutes les étapes de fabrication de votre chaussure, jusqu’à sa distribution. Une fois produites au Brésil, les produits sont acheminés en France en bateau. La logistique et le stockage sont alors pris en charge par l’association ASF de réinsertion qui redonne une place à d’anciens prisonniers ou chômeurs.
Après avoir sorti une gamme végane, ils ont récemment présenté leur dernière création « Wata », une sneaker unisexe fabriquée en plastique recyclé, en partenariat avec la Fondation Surfrider dont la mission est la protection des océans.
Sans média ni levée de fonds. D’abord présentés comme des écolo-bobo, avec un produit trop cher, les deux entrepreneurs n’ont pas baissé les bras et les résultats actuels leur ont donné raison. Quand chez eux, leurs prix n’ont quasiment pas bougé ces dix dernières années, chez les marques plus connues (au signe de virgule par exemple), ils ont été multipliés par deux ou trois.
Sans investisseurs extérieurs, les deux associés ont investi 5 000 euros chacun au départ. Aujourd’hui, ils sont 60 employés pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros en 2016. Le tout sans publicité ! « Notre développement est naturel et organique. Ce qu’on préfère, c’est de communiquer sur le projet et la réalité de ce qu’on fait. »
À bientôt 40 ans, Sébastien, qui se voyait plutôt devenir journaliste d’investigation et Ghislain, qui n’a pas encore complètement mis de côté son rêve de devenir prof de philo, ont encore de belles chaussures à créer. Sans notoriété achetée, ni l’aide de Messi, le duo français a mis un bon coup de pied – équitable – dans la fourmilière de la mode.
Pour changer de pied avec lequel vous arpentez ce monde, c’est par là : project.veja-store.com