À l’image de la France, l’Allemagne a dégainé un plan économique pour soutenir les constructeurs automobiles et booster la transition vers les voitures sans ou peu émissives. En tout, 130 milliards d’euros sont débloqués outre-Rhin, dont une bonne part pour doubler le bonus écologique actuel et baisser la TVA sur les voitures électriques. Mais une mesure symbolique sort du lot : toutes les stations-service vont devoir proposer la recharge en plus de leurs pompes à essence.

Un choix stratégique évident : toutes les études prouvent que ce qui freine les acheteurs à opter pour une voiture électrique reste le manque d’autonomie, empêchant les long trajets de plusieurs centaines de kilomètres et ajoutant l’angoisse de tomber en « panne sèche ». La mesure proposée vise à imposer une borne minimum par station, ce qui va créer un réseau plus dense, donc rassurant. Mais est-ce suffisant ?

Actuellement, l’Allemagne compte un peu moins de 28 000 bornes de recharge et 14 000 stations-essence. Le syndicat allemand BDEW, qui représente les professionnels des énergies, estime de son côté que, pour que le marché soit mature aux yeux des acheteurs, il faudrait 70 000 points de recharge dont au moins 10% en recharge rapide. Les conditions de cette mesure restent à définir – aucune date butoir n’a par exemple été donnée aux stations pour se mettre en règle – mais contre toute attente, elle n’est pas si mal accueillie.

Les grands groupes pétroliers qui détiennent de nombreuses stations ont déjà annoncé préparer un plan d’investissement pour ouvrir des bornes à côté de leurs pompes. Total, par exemple, prévoit d’ouvrir 150 000 recharges d’ici cinq ans en Europe. En France aussi, le président Macron a promis 100 000 bornes fin 2021. On peut imaginer que le plan des pétroliers visera autant la France que son voisin germanique. Mais un problème transparaît déjà : les stations se raréfient d’année en année. À voir si celles des hypermarchés prendront le pas ou si un acteur de la recharge viendra intensifier son action.