
Ce designer hollandais va vous réconcilier avec la vie en centre-ville
Le programme de Daan Roosegaarde : des routes lumineuses et des tours dépolluantes. PARTOUT.
Et la lumière fut. Pour peu qu’on soit branché design et écologie, il est devenu difficile d’échapper à la trajectoire de la météorite Daan Roosegaarde. Entre ses inventions lumineuses (à plus d’un titre puisqu’elles détournent souvent la lumière solaire), ses interventions et les trophées qu’il reçoit à tour de bras – il en a gagné une dizaine en moins d’une décennie –, ce designer/artiste/entrepreneur/architecte multiplie les prouesses. Avec une ligne de conduite simple : rendre la vie en ville plus agréable, plus respirable, plus sûre quoi !
« Le design, ce n’est pas juste inventer une chaise ou une lampe de plus, le design, c’est d’abord améliorer la vie ! »
Sécuriser les routes. Pour Roosegaarde, les mégalopoles dans lesquelles nous vivons nous tuent. Dès lors, ou bien on reste les bras croisés ou bien on s’active et on fait bouger les lignes. « Le design, ce n’est pas juste inventer une chaise ou une lampe de plus, le design, c’est d’abord améliorer la vie ! », se plait-il à répéter dans les conférences qu’il donne aux quatre coins du monde. Et ce ne sont pas que des paroles : en 2014, Daan s’était fait repérer en inventant une autoroute intelligente aux Pays-Bas.
Le revêtement de celle-ci avait la particularité de se recharger avec la lumière du soleil durant la journée, et à la nuit venue la smart highway se parait de lignes d’éclairages vertes marquées au sol qui offraient une meilleure visibilité aux conducteurs, et donc par extension, renforçaient leur sécurité, sans lourd investissement et en économisant de l’énergie.
Dans le même élan, le Hollandais visionnaire a développé une voie cyclable plus sûre avec le même principe de peinture phosphorescente récupérant l’énergie solaire. La Van Gogh-Roosegaard brille dans le noir afin que les cyclistes ne sortent plus de la route et puisse aisément se distinguer les uns des autres. Une obsession pour le vélo (déformation nationale ?) qui va bientôt lui inspirer une autre idée de génie.
Dépolluer 30 000 m3 d’air par heure. Pas du genre à s’arrêter à la première satisfaction, Daan a consacré les trois dernières années à un projet qui s’attaque à un problème critique dans nos villes : la qualité déplorable de l’air. Au retour d’un voyage à Pékin qui l’a laissé estomaqué face à l’épais brouillard qui enserre la capitale chinoise et empêche de voir à plus de 20 mètres, Roosegaarde a eu une incroyable idée : la smog free tower, une tour qui avale la pollution. Cette espèce d’immense purificateur aspire l’air ambiant, grâce à un procédé d’ionisation positive, et capture plus de 75 % des particules fines « PM2,5 » et « PM10 » (les plus petites donc plus dangereuses). Son affaire effectuée, l’édifice recrache un air plus sain et a une capacité de nettoyage de 30 000 mètres cubes d’air par heure.
D’abord testée à Rotterdam avec succès en 2015, l’ingénieux designer a exporté son invention dans quatre villes chinoises l’année suivante, et depuis des intérêts venant de toutes parts se manifestent. Une nouvelle tour sera d’ailleurs installée ce mois-ci à Cracovie, en Pologne.
Entendez-vous résonner la sonnette d’une bicyclette ? C’est que, comme nous vous l’avions déjà rapporté, Daan songe aussi à créer une version miniaturisée de son invention pour pouvoir l’installer sur des vélos, et faire en sorte que chacun puisse contribuer à l’effort pour rendre nos villes plus respirables. Et quelque part, quand on sait les ravages d’un air pollué sur les voies respiratoires des petits comme des grands en milieu urbain, espérons que la France se dotera vite de ces aspirateurs de mauvais air.