
Proton Technologies ambitionne de produire de l’hydrogène à grande échelle et à bas coût, mais surtout sans émettre de CO2.
Adieu pétrole. On le sait, nous consommons les hydrocarbures à un rythme insoutenable pour la planète. À lui seul, le secteur des transports brûle plus de la moitié du pétrole extrait du sous-sol (voir là et là) et il est responsable de 27% des émissions de gaz à effet de serre en France. Les carburants alternatifs tardant à éclore, “l’hydrogène présente l’intérêt d’une énergie complémentaire aussi bien pour des véhicules à combustion interne que pour des véhicules électriques”, affirme l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Surtout, il n’émet que de la vapeur d’eau à la combustion. Mais la production d’hydrogène est coûteuse et émet du dioxyde de carbone et du méthane.
Actuellement, la production mondiale d’hydrogène rejette 830 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Revaloriser les champs pétrolifères. Face à ces défis, des scientifiques proposent d’extraire de l’hydrogène des champs pétrolifères sans laisser d’autre gaz s’échapper. “Les champs pétrolifères, même ceux n’étant plus exploités, contiennent toujours des quantités significatives de pétrole. Les chercheurs ont trouvé qu’injecter de l’oxygène dans ces champs augmente la température et libère de l’hydrogène”, explique Grant Strem, de la société canadienne qui développe le chantier. La méthode permet donc d’utiliser les infrastructures existantes. Mais la nouveauté réside surtout dans un filtre empêchant les autres gaz de sortir du sol. L’hydrogène ainsi obtenu étant déjà purifié, Proton Technologies affirme pouvoir extraire un kilo d’hydrogène pour 10 à 50 centimes, contre deux euros avec les techniques actuelles.
Présenté lors de la conférence Goldschmidt, qui réunit 4000 scientifiques à Barcelone autour de la géochimie, le projet reste novateur. Pour Brian Horsfield, professeur au Centre allemand de recherche en géosciences (GFZ), de nombreux essais de terrain sont nécessaires pour faire leurs preuves à l’échelle industrielle. Il nous faudra donc vivre encore un peu plus longtemps dans ce dilemme d’énergies propres à consommer, mais moins à produire.