En France, les bornes de recharge manquent encore trop à l’appel. Le gouvernement, qui en veut un million d’ici la fin de l’année, a imposé aux autoroutes de s’équiper. Les grossistes du kilowattheure vont donc moderniser les aires bétonnées. Et qu’allons-nous voir ? Des blocs de métal qui se dressent comme autant d’épouvantails dans leurs champs… Pour ne pas laisser cette image fleurir sur nos routes, un designer américain propose d’agrémenter ces stations d’une touche artistique. Pour insuffler une émotion et ne plus se limiter à des prises électriques avec un toit au-dessus. Et le résultat est, comment dire, euh… original.

“Vibrer d’émotion à la station“. C’est ce que voudrait nous infliger Michael Jantzen avec ses 5 projets « qui fusionnent art, architecture et technologie » selon ses termes. Ces lieux sont censés répondre au besoin de recharge de nos mobilités tout en « offrant au public quelque chose d’intéressant à regarder et avec lequel interagir » en attendant que la batterie affiche enfin 100 %. Évidemment, il a pensé éco-responsable, en couvrant ses concepts de panneaux photovoltaïques (voire d’éoliennes) dont l’énergie nourrira les bornes. Mais les œuvres elles-même seront faites en métal et béton. Hum.

Un projet à jeter à la poubelle ? Pas forcément. Vous allez sûrement dire que c’est très moche tout ça ; et on ne voit pas comment vous donner tort. Mais cela a toujours été le cas de l’art d’autoroute. Or celui-ci est sponsorisé par le gouvernement : la loi impose qu’un pour cent du coût de construction d’une infrastructure publique serve à financer de l’art.

C’est ainsi que nos autoroutes débordent de sculptures toutes plus ou moins laides mais rigoureusement inutiles (c’est même le sens de l’art que de ne pas servir). Alors imaginez si cette manne pouvait servir à multiplier les points de recharge ; ne seriez-vous pas prêt à tolérer un tunnel en tôle ondulée bizarroïde ?