
Retenez bien cette date : juillet 2022. D'ici quelques mois, l'Europe imposera un système d’adaptation intelligente de la vitesse sur tous les nouveaux véhicules. Un dispositif aussi novateur qu'inquiétant, selon le point de vue duquel on se place.
Bientôt la mort des radars ? Imaginez la scène : vous voilà lancé sur l’autoroute à 135 km/h. Soudain, votre voiture décélère automatiquement pour repasser en dessous de la vitesse maximum autorisée. Votre pied continue d’appuyer sur la pédale, et pourtant, rien à faire : l’automobile a pris le contrôle. Est-ce là le synopsis d’un film de science-fiction ? Point du tout. Discrètement, mais sûrement, l’Europe – via l’European Transport Safety Council – avance son projet au nom de code sans équivoque : Intelligent Speed Assistance (ISA). Soit une technologie bientôt imposée en série sur toutes les voitures.
Limiteur de vitesse : sur toutes les voitures neuves dès 2022 https://t.co/pgAjHIKL5y #AdaptationIntelligenteDeLaVitesse #AIV #ETSC #EuropeanTransportSafetyCouncil #IntelligentSpeedAssistance #ISA #LimiteurDeVitesse #UnionEuropéenne #Voiture #automobile pic.twitter.com/5PIXwjNH2B
— Les Voitures (@LesVoituresCom) November 21, 2021
Une régulation en deux temps. Le limitateur de vitesse intelligent dont il est ici question est le fruit de plusieurs années de réflexion sur le taux de mortalité routière, et il vient répondre à cette grande interrogation : pourquoi les constructeurs permettent-ils d’aller plus vite que la vitesse autorisée ? Outre la notion de liberté individuelle – et le fait que les vitesses maximum autorisées ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre – les décideurs semblent avoir tranché : désormais, chaque conducteur dépassant la limite se verra imposer un frein automatique fonctionnant “en réduisant la puissance de propulsion et le couple de transmission du véhicule”. Tout le monde, pour résumer, conduira une voiture bridée. Un premier pas, indirectement, vers la voiture autonome. Pour cela, les GPS embarqués, les caméras de contrôle et la géolocalisation constitueront le bras armé de l’ISA.
Première date à retenir : juillet 2022 pour l’entrée en application sur les nouveaux véhicules (qu’il s’agisse de voitures, d’utilitaires ou de poids lourds). Et la seconde : juillet 2024 ; date à laquelle l’ensemble des véhicules sera concerné.
A step-forward for road safety today.
The EU has officially published the tech specs for Intelligent Speed Assistance systems – required on new vehicle types from 2022.https://t.co/kpA3aK7elQ
ICYMI: our analysis when the rules were agreed in May https://t.co/KMgX8UywQA pic.twitter.com/DhfKLsN4Db
— European Transport Safety Council (@ETSC_EU) November 17, 2021
0 mort en 2050. Qu’on soit dans le camp des récalcitrants (effrayés par la prise de contrôle des voitures par des ordinateurs) ou dans celui des défenseurs de ladite loi, difficile de critiquer cette mesure dont l’objectif est, rappelons-le, de réduire le nombre de morts sur les routes européennes. Le super-limiteur de vitesse dont il est ici question vise à arriver au chiffre symbolique de 0 mort en 2050, dans le cadre d’un plan européen nommé Vision zéro. Avec l’ISA, les autorités estiment qu’on pourrait faire chuter la mortalité de 20% sur le vieux continent. Une personne sur cinq, en somme.
Deux “bonnes” nouvelles néanmoins, pour celles et ceux qui auraient envie de s’insurger : l’ISA pourra être désactivé par l’utilisateur, et les modèles antérieurs à 2022 ne semblent pas concernés par l’automatisation. Trois ans après la naissance du mouvement Gilets jaunes, les principales victimes d’un tel dispositif pourraient bien être les radars, n’en déplaise à l’Etat. Se faire flasher pour excès de vitesse ? Bientôt un acte complètement anachronique.