
Remplacer le moteur de sa voiture essence comme on changerait sa roue de vélo ? Tout indique dès cela sera possible dès l’année prochaine grâce à la validation du projet par Élisabeth Borne, ministre en charge du dossier mobilité.
Jusque-là, les rares Français à avoir tenté l’expérience en parlaient comme de la vente d’alcool pendant la prohibition : oui, transformer une voiture thermique en voiture électrique était possible en France, mais à condition de ne pas se faire pincer. La pratique – appelée retrofit en anglais – consiste simplement à remplacer le moteur d’origine par un système électrique, à la fois beaucoup moins polluant et moins cher que prévu. Alors que cette technique est autorisée dans de nombreux pays (USA, Allemagne, Angleterre, etc…), la France ne voulait alors rien entendre. Certes, les automobilistes avaient le droit de se laisser tenter, mais il leur fallait obtenir l’accord du constructeur – une mission quasi impossible.
La Ministre de la transition écologique et solidaire @Elisabeth_Borne souhaiterait faire appliquer le #retrofit, système consistant à convertir un véhicule thermique en #véhiculeélectrique, dès janvier 2020 ! https://t.co/LI9pPL3pYJ
— VINCI Autoroutes (@VINCIAutoroutes) September 12, 2019
À ce stade, il manquait donc l’appui du gouvernement qui, via le projet de loi orientation mobilité (LOM) de 2019, semble enfin appuyer sur la bonne pédale. Différentes sources s’accordent à dire que le retrofit pourrait être autorisé dès janvier 2020 après l’abrogation au Journal officiel.
« Avec l’association Acteurs de l’Industrie du Retrofit électrique (AIRe), on veut que les Français aient le droit de transformer leur voiture, comme c’est le cas en Allemagne, en Italie. »
Le retrofit, tendance 2020 ? Si l’État semble enfin prêt à tolérer le retrofit, c’est parce que de nombreuses startups et consommateurs, portés par le bon sens, ont poussé pour cela. Car après tout : pourquoi jeter la voiture de vos rêves à la casse (et avec elle tous vos souvenirs dedans) alors qu’une solution existe pour remplacer son organe principal ? Le coût de l’opération, estimé à environ 20 000 €, permet pour l’instant une autonomie de 150 kilomètres à votre modèle électrifié. C’est certes peu, mais c’est déjà un signe d’espoir pour le secteur de la voiture électrique qui ne pèse encore que 2% des ventes en France. L’association A.I.R.E (Acteurs de l’Industrie du Retrofit Électrique) milite fortement pour accélérer la cadence et atteindre rapidement le milliard d’euros de chiffre d’affaires avec, à la clef, 5500 emplois dans le secteur de la conversion.
Avec cette législation, l’ensemble du secteur automobile devrait quant à lui basculer. Il n’est plus utopique d’imaginer des ateliers de conversion ouverts par les constructeurs eux-mêmes. Les propriétaires de véhicules de plus de dix ans, roulant avec une vignette leur interdisant notamment la circulation en ville lors des pics de pollution, pourraient trouver là une aubaine. Dans tous les cas, des progrès seront encore à faire pour démocratiser cette conversion. L’autonomie des « nouveaux » véhicules est une première étape. À l’heure de la responsabilisation écologique des conducteurs, le retrofit coche déjà toutes les cases.
C’est peut-être dans cette optique que dès cet été le ministère d’Élisabeth Borne annonçait le lancement du site jechangemavoiture.gouv.fr pour inciter et aider les Français à choisir des voitures plus propres.