Laissons tranquille l’automobiliste. Rapporté par Le Parisien, le député Olivier Dassault affirme que le projet de loi qu’il a déposé découle des « réactions négatives des gens sur la limitation de vitesse à 80 km/h » et de ses conséquences en nombre de contraventions. Il cite même Jacques Chirac, qui avait mené le même combat en son temps. Conséquence de quoi, il demande une expérimentation routière : passer la vitesse maximale autorisée à 150 km/h sur les autoroutes à trois voies.

Cher Jacques
Je souhaite t’adresser un bel et heureux anniversaire & des vœux très sincères de bonne santé à l’occasion de ton 86 ème printemps. Un petit 😉en vidéo à Jacques Chirac qui a une autre époque partageait déjà les mêmes idées que je défends aujourd’hui pic.twitter.com/OI0wAVZrWA

— Olivier Dassault (@ODassault) November 29, 2018

Le député de l’Oise réclame aussi le retour de la limite à 90 km/h sur le réseau secondaire et la suppression des contraventions pour les dépassements de vitesse de moins de 20 km/h. Tout combiné, on pourrait donc rouler à 105 km/h sur une route nationale sans être inquiété ? Oui car, selon lui, « quand on roule plus vite, on est plus attentif ». Cela reste à prouver.

Et nous, et nous, et nous ? Évidemment, Olivier Dassault s’inspire des mouvements législatifs en cours chez nos voisins frontaliers. L’Autriche expérimente ces jours-ci une augmentation de 10 km/h sur voie rapide (140 km/h au lieu de leur traditionnelle limite à 130). Un exemple que la Suisse souhaiterait imiter (de 120 à 130 dans leur cas) entre Berne et Bienne.

À l’Assemblée, 16 députés ont cosigné l’appel de Dassault tandis que sur une page Facebook, 13 900 fans s’égaient de la proposition sur la page « Pour les autoroutes à vitesse illimitée en France ». Mais, roule-t-on vraiment plus vite chez nos voisins européens ?

Bouchons et accidents illimités. Fantasme français, l’autoroute sans limite n’est pas une généralité, et ne concerne qu’une part du réseau allemand où il est tout de même conseillé de ne pas dépasser le 130. Quand bien même, les fréquents travaux et ralentissements (dépassements, insertions, nombre de voies) font qu’il est impossible de garder un 180 km/h de moyenne pendant bien longtemps… Pas de chance non plus, les statistiques germaniques montrent que les accidents mortels arrivent pour majorité dans les zones sans limites. Et ce malgré des chiffres de mortalité routière au plus bas.

Côté Suisse, le Bureau de prévention des accidents affirme, chiffres à l’appui, que « plus vous roulez vite, plus les accidents sont nombreux et graves ».

L’Office fédéral des routes explique que le nombre de bouchons augmente en même temps que la vitesse est haute. La conclusion est dans la bouche des officiels suisses qui précisent que leur demande de test vient d’un constat : les conducteurs ne respectent déjà pas les limitations sur cette portion. Pourquoi les respecteraient-ils plus à 150 ou 180 ?