
Au départ, le groupe Filastine avait prévu de faire le tour du monde par les océans pour prêcher la bonne parole, en musique : défendre les énergies renouvelables et alerter le public sur la crise climatique. Mais le COVID-19 est passé par là. Depuis, l’équipage ne trouve aucun pays pour les accueillir.
Capitaine, abandonné. C’est ce qu’on appelle une histoire qui dérape. Grey Filastine et Nova Ruth, les membres du duo Filastine, ont commencé par faire un rêve : après des années à faire comme tout le monde – c’est-à-dire jouer partout sur la planète en se déplaçant avec des moyens polluants – ils ont eu l’idée de retaper un voilier puis de partir en mer pour une tournée 100% écologique. Sur l’Arka Kinari, il y avait donc le duo mais aussi un équipage de différentes nationalités dont un Français, un Portugais, deux Anglaises, deux Américains et un Indonésien. Au début, tout s’annonce bien : l’embarcation autonome munie d’une éolienne, d’une station de dessalement et d’une scène pour jouer a prévu plusieurs escales. Le périple doit amener ce beau monde de Mexico à Hawaï, puis de Hawaï à l’Indonésie. Puis l’histoire dérape.
Grey et Nova n’avaient pas prévu que le nom de leur voilier (Arka signifie « tenir » ou « défendre », Kinari renvoie au gardien de l’arbre de vie) était prédestiné. Alors qu’ils quittent Mexico en février dernier, et que le coronavirus commence à contaminer la planète, eux sont encore loin de se douter que la planète s’apprête à entrer dans un confinement généralisé. Croyant d’abord à une épidémie passagère, l’Arka Kinari se met en marche mais apprend rapidement que les îles qu’ils longent commencent toutes à fermer leurs portes.
Parti des Pays-Bas en août dernier, l’équipage se voit contraint de revoir ses ambitions à la baisse, d’annuler tous les concerts prévus et de prier pour qu’un pays daigne accueillir ce radeau médusé. Bloqués actuellement au milieu de l’océan Pacifique, ils ne trouvent aucun port d’attache depuis presque quatre mois et comptent désormais sur la bienveillance du gouvernement indonésien pour les libérer de cet emprisonnement aquatique. « Concrètement, nos plans auraient été moins perturbés par la Troisième Guerre mondiale, explique Gray à la BBC, car au moins les États belligérants ne ferment pas leurs frontières aux navires des alliés. »
À bord du voilier, les membres tiennent encore bon et disposent de ressources pour tenir encore quelques mois. Ils font pousser de la salade, pêchent avec des appâts de fortune et croient en leur bonne étoile afin que leur objectif initial (imaginer le monde de demain, sans carbone, ni essence) soit finalement atteint, et leur démarche ne finisse pas comme une bouteille à l’amer.
Il est possible de les soutenir en cliquant ici. Pour plus d’infos sur le projet, c’est par là.