
Le budget de Copenhagen Suborbitals est 226 fois plus petit que celui de la NASA, mais cela n’arrête pas ces Danois, bien décidés à aller dans l’espace d'ici 2030.
3, 2, 1… ignitiøn. Vous connaissiez SpaceX, la NASA et Ariane ? Dites bonjour à Copenhagen Suborbitals (CS). Une petite association danoise qui s’active depuis 2008 pour envoyer sa propre fusée artisanale dans l’espace. Et ils n’en sont pas loin : leur dernier essai date du 4 août 2018 et leur lanceur Nexø II a atteint la très respectable altitude de 6500 mètres. Puis, la fusée blanche et orange est redescendue en parachute pour être récupérée en mer, intacte.
Depuis ses débuts, CS a construit 7 fusées, une plateforme de tir installée sur une barge, et même deux capsules pour de futurs lancements habités. Une belle réussite quand on réalise que tous ou presque sont des amateurs. « Tout le monde bosse gratos, résume leur porte-parole Mads Wilson, on organise 2 à 3 fois par semaine des ateliers ouverts au public, en essayant de garder des effectifs réduits pour être plus efficaces. »
Sur la cinquantaine de Danois que regroupe Copenhagen Suborbitals, seuls deux en effet ont travaillé auprès de l’ESA et la NASA. L’équipe compte même un kiné et un instituteur. Mais le plus impressionnant reste la gestion budgétaire.
Une débrouille astronomique. Quand la NASA débourse 22,6 milliards de dollars par an, Copenhagen Suborbitals n’en obtient que 100 000 (environ 88 300 euros), généralement auprès de sponsors et dons. Loin de brider les ambitions des Danois, cela booste même leur ingéniosité et les pousse à opter pour le recyclage.
Ainsi, CS a récupéré un airbag dans une casse pour sa cartouche de gaz qui sert désormais à gonfler son parachute d’atterrissage. Un vieux sèche-cheveux réchauffe une valve pour éviter qu’elle ne gèle en vol. Et son ordinateur de contrôle de trajectoire traitait auparavant… la comptabilité de restos Burger King. Et pour le carburant ? Les ingénieurs à mi-temps ont fait leur propre mélange maison d’éthanol et d’oxygène liquide maintenu à -183°.
Meet Rescue Randy: Pilot, Test Department. Boasts two rocket flights!
He will be the first passenger of our crewed SPICA rocket, gaining the official title of dummy astronaut.
Visit https://t.co/oPOi9cGSIu to help Randy fly your name to space and get his astronaut wings!👨🚀 pic.twitter.com/UjcSJTSo1g
— Copenhagen Suborbitals (@CopSub) January 23, 2022
Sky is (not) the limit. Depuis quelques années, CS prépare sa nouvelle fusée, un lanceur mono-étage nommé Spica. Ils se donnent jusqu’en 2030 pour lui faire franchir la frontière officielle entre la Terre et l’espace (la ligne de Kármán, 100 kilomètres au-dessus de nos têtes) avec l’un d’eux dans la capsule. Pas besoin d’aller sur Mars, nos Danois se contenteront d’avoir visité le cosmos une quinzaine de minutes avant de redescendre.
On l’oublie un peu vite mais, historiquement, le Danois Tycho Brahe reste l’un des pères de l’astronomie moderne. A sa façon, Copenhagen Suborbitals remet le Danemark à sa place sur la carte spatiale. N’en déplaise à Jeff Bezos et Elon Musk, « cette science est à notre portée aujourd’hui » confirme Mads Wilson. Alors, qui veut réserver son billet ?
Crédit photos : Copenhagen Suborbitals
https://www.instagram.com/p/CUmKYTzsq16/?utm_source=ig_web_copy_link