
Pistes cyclables en cascade, bonus à l’achat, promotion de la pratique, on ne compte plus les politiques publiques en faveur du vélo. Arrêtons-nous deux secondes, faisons le point et répondons ensemble à la question que tous les Français se posent : la petite reine a-t-elle un penchant politique ?
L’histoire de la gauche et de la droite commence bien avant la création du vélo, au début du XIXème siècle. Cette distinction date de la Révolution française lorsque l’assemblée constituante s’interroge sur le droit de veto accordé au roi sur les nouvelles lois. À droite, se placent les partisans du véto absolu et à gauche ceux qui veulent limiter le pouvoir du roi. C’est ainsi qu’est né cette dichotomie que nous retrouvons dans la vie politique française… Mais aussi dans la pratique du vélo. Dans les débats, on réduit souvent l’électorat de droite à ceux qui roulent en SUV et celui de gauche à des bobos cyclistes soucieux de l’environnement (CQFD). La vox populi a-t-elle raison ? Nous allons voir cela.
Christiane #Taubira est arrivée en vélo à l’@Elysee vers 16h pour son entretien avec F. #Hollande pic.twitter.com/ItdfVCLdbf
— CNEWS (@CNEWS) March 13, 2014
À gauche toute. Commençons tout d’abord par le grand événement dont se souvient toute la classe ouvrière : 1936, l’instauration des congés payés. À son arrivée au pouvoir, la gauche offre aux ouvriers la possibilité de partir en vacances. Afin de rejoindre leur lieu de villégiature, quel mode de transport plébiscitent-ils : le vélo bien sûr. Peu cher et pratique, c’est le moyen de déplacement du peuple, ceux qui votent le Front populaire.
Encore aujourd’hui, le vélo est porté par les partis de gauche, il est leur outil pour affirmer une valeur populaire et écologique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le PS se décrit en parti social et écologique, comme le vélo. Les personnalités de gauche clament aussi, haut et fort, leur amour de la pratique. Par exemple, Christiane Taubira quitte le ministère de la Justice duquel elle démissionne à vélo, en pédalant elle réaffirme les valeurs auxquelles elle croit. Bien évidemment, la personnalité de gauche la plus vélophile est l’édile parisienne Anne Hidalgo. Elle aurait même affirmé sa volonté de faire de Paris la capitale du vélo. Tout un programme.
Portée par les maires socialistes et écologistes, la pratique du vélo a connu une augmentation dans leurs fiefs. Paris, Lyon, Grenoble, Nantes ou bien Strasbourg sont toutes des grandes villes de gauche où le vélo a sa place et son infrastructure s’est développée. Dans un raccourci un peu facile, on pourrait alors associer les politiques municipales de droite pro-voiture et celles de gauche pro-vélo. Le cas d’école serait alors Marseille qui affiche un bilan quasiment nul en terme de mobilité douce suite au mandat de Jean-Claude Gaudin. Mais vous allez voir, le débat n’est pas aussi vite tranché.
Il ne faut pas oublier que Jacques Chirac a installé les premières pistes cyclables dans la ville de Paris.
Droite molle. Pour n’en citer qu’un, le plus grand fan de vélo en politique n’est autre que Nicolas Sarkozy. L’ancien président affirme rouler plus de 3000 km par an et enfourcher sa bécane jusqu’à cinq fois par semaine lorsqu’il est en vacances. Néanmoins, Nicolas Sarkozy a ouvert la porte de son gouvernement à des personnalités de gauche mais n’a jamais transformé sa passion du cyclisme en cheval de bataille politique.
Nicolas Sarkozy : 60 km de vélo chaque jour pour garder la forme | Medisite https://t.co/mJ1e8gSp1C via @Medisite
— luciole757828 (@luciole757828) August 6, 2019
Au-delà de la pratique personnelle, il ne faut pas oublier que Jacques Chirac a installé les premières pistes cyclables dans la ville de Paris. Un échec car ces dernières étaient si dangereuses qu’on les a appelées des « couloirs de la mort ». Mais la route avait été tracée. Quelques années plus tard, Jean Tibéry s’empare lui aussi du projet et lance un plan vélo en 1996. Au total, ce sont 170 km d’aménagements cyclables et 70 km de couloirs de bus qui ont été aménagés pour les cyclistes. À Paris et dans de nombreuses mairies, la droite a lancé les politiques en faveur du vélo et la gauche a poursuivi.
Contacté par téléphone, le politologue Christophe Bouillaud l’affirme, le vélo n’est définitivement pas de gauche et il n’y a qu’à regarder au-delà de nos frontières. Aux Pays-bas, nation qui compte le plus de cyclistes par habitant au monde, le premier ministre Mark Rutte se déplace constamment à vélo. Aux dernières nouvelles, son parti ne peut pas être qualifié de gauche… Les valeurs du vélo sont celles de l’effort, de l’individualisme et de l’économie, piliers de la pensée libérale. Les droites européennes n’ont donc aucun mal à prôner le vélo pour montrer leur modernisme. À l’inverse, en France, la droite conservatrice d’opposition a du mal à entrer dans cette nouvelle ère. Difficile d’imaginer les cadres de LR se rendre à leur bureau sur un deux-roues…
« À vélo ! » Pour résumer, le vélo a été populaire chez les ouvriers français durant la moitié du XXème siècle puis sa pratique a été impulsée par des politiques de droite avant d’être l’apanage de la gauche. Mais, il ne faut pas oublier le troisième élément, celui du « en même temps ». Dans un article du Monde, le journaliste Olivier Razemon nous offre une étude saisissante. Les villes où l’on pratique le plus le vélo sont celles où le vote Emmanuel Macron a été le plus important. Un vote que l’on rappelle ni de droite affirmée, ni de gauche convaincue. En deuxième position du vote cycliste, on retrouve Jean-Luc Mélenchon. Suite à un cela, nous avons une réponse à vous proposer : le cycliste est un libéral progressiste avec des sautes d’humeur d’extrême gauche. Voici une proposition à méditer… sur votre vélo.