
Depuis 40 ans, Groningen (Pays-Bas) réorganise simplement le sens de circulation pour dissuader certains usages. Spoiler : ça ne va pas vous plaire, mais ça fonctionne.
Flashback. Nous sommes en 1977, dans le Nord des Pays-Bas. Max Van den Berg devient adjoint au maire en charge des transports de la municipalité de Groningen et sa vision a de quoi surprendre : il veut limiter les déplacements à des zones closes plutôt que d’ajouter des routes, des feux et des parkings. De fait, son modèle urbain va délimiter Groningen en 4 grands secteurs seulement reliés par un boulevard périphérique. Il fait modifier le sens de circulation pour empêcher toute communication entre les secteurs autrement qu’en contournant la ville.
Illustration à Groningen, avec l'impossibilité de traverser la ville en voiture imposée par le jeune Max van den Berg et son équipé au début des années 70
Source: "Groningen: The World's Cycling City", StreetFilmshttps://t.co/yTyI373ByF pic.twitter.com/ZnHPQpnCur
— LittleBigFred (@littlebigfred) July 14, 2018
Ainsi, Van den Berg décourage le choix de la voiture pour des trajets courts mais laisse celle-ci rouler pour les trajets longues distances, généralement en dehors du centre. Parallèlement, il fait développer des pistes cyclables, des trottoirs et des bus. “Au lieu de détruire les vieux quartiers, raconte-t-il au Guardian, nous voulions les restaurer et les transformer en des lieux agréables à vivre. L’idée était de dissuader le trafic automobile et de donner la priorité aux piétons, aux vélos et aux transports publics.”
Tout changer en une nuit. Loin d’être un village, Groningen est la dixième plus grande ville du pays avec pas loin de 200 000 habitants, dont 20% d’étudiants très mobiles. La conversion a été faite en une seule nuit, mais n’a pas été simple à accepter. Pourtant aujourd’hui 61 % des déplacements s’y font en vélo, c’est même supérieur à la capitale, Amsterdam. Depuis, le « modèle Van den Berg » a été répliqué dans d’autres villes, toujours avec succès.
Belgique, France… Rien qu’aux Pays-Bas, 200 municipalités l’ont imité. En Belgique, Gand a créé 5 districts clos et un centre-ville piéton. Résultat, en un an à peine, elle a réduit de 12 % le nombre d’automobilistes dans les bouchons aux heures de pointe et de 40% la circulation en général. La qualité de l’air a, elle, progressé de 18%. Chez nous, c’est Rennes qui a décidé de s’y pencher, en étudiant le projet de deux urbanistes. “Ce plan rennais consiste, décrivent-ils à Reporterre, en l’espace d’un mandat, à diviser la ville en 17 nouveaux secteurs, délimités par des boulevards, des voies ferrées, des canaux et des rivières” avec, autour, une rocade et au centre, une zone piétonne.
Comme dit Van den Berg, “À l’époque, on décrivait [ce programme] comme anti-voiture. Aujourd’hui, on le dit pro-cyclisme (…) c’est le sens de l’époque“.