
Si le titre de cet article a de quoi faire sauter au plafond, c'est pourtant l'objectif affiché par Fuel For Planet, un réseau français qui ambitionne de vendre de l'essence différemment en compensant les émissions carbone de chaque véhicule par le financement de projets verts. Mais est-ce bien suffisant pour devenir le premier vendeur d'essence éco-responsable au monde ?
L’empire des sens. Alors que leur nombre diminue d’année en année, les stations-service semblent actuellement en pleine révolution. Logique, puisqu’on annonce leur mort pour 2035, et qu’il semble aujourd’hui inéluctable que l’avenir soit à la voiture électrique (l’État rendra d’ailleurs les bornes de recharge obligatoires sur toutes les stations-service d’autoroute dès 2023). Certainement pas un hasard si le géant Total vient récemment d’ouvrir sa première station non thermique. En marge de ce business représentant encore des milliards d’euros de bénéfices, un nouvel acteur a fait ses débuts en 2020 en Isère. Son nom : Fuel For Planet. Trois mots qu’on n’imaginait pas vraiment aller ensemble et qui, pourtant, vante un projet vertueux.
Compensation carbone. Contrairement à l’ensemble des autres vendeurs d’essence, Fuel For Planet s’engage pour une consommation responsable des hydrocarbures. C’est l’objectif affiché, en tout cas. Et pour cela, son fondateur Eric Olivi préfère l’action directe à la culpabilisation des automobilistes (comme ce fut le cas au début du mouvement Gilets jaunes). Pour cela, c’est la mécanique des crédits carbone qui entre en action : sur chaque litre de carburant acheté dans l’une des stations, 2 centimes d’euros sont reversés à un projet écologique militant pour la réduction ou la séquestration des gaz à effet de serre, et labellisé “Gold Standard”. Soit “l’une des plus hautes distinctions pour la compensation Carbone“, dixit l’entreprise.
Plus je consomme de l’essence, plus je sauve la planète ? Certes, le raccourci est un peu facile, et c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Il n’empêche : si Fuel For Planet ne remplacera pas TotalEnergies dès demain, l’initiative mérite d’être saluée, en attendant de voir les résultats concrets avec de premiers vrais bilans solides sur l’argent reversé aux organismes partenaires (pour l’heure, seule une ferme solaire à Bhadla, en Inde, est annoncée sur le site). Théorie du verre à moitié plein ou à moitié vide, on vous laisse juger. Pour l’heure, le réseau de Fuel For Planet semble encore très limité au niveau national, mais l’entreprise espère finir l’année avec une vingtaine de stations-service déployées sur tout le territoire. À voir si l’entreprise qui se définit comme “le premier réseau Français de stations-service qui fait le plein de sens” saura trouver son public, et ainsi donner envie aux Français d’opter pour le vert au moment de faire le plein.