Sur la côte Dalmate, la ville-péninsule de Zadar fait figure de « perle de l’Adriatique ». Il faut dire qu’une fois passé les murailles, la vieille ville offre quelques trésors d’architecture. Les façades austro-hongroises cohabitent avec des édifices religieux d’inspiration italienne. Mais le clou du spectacle est au bout de la presqu’île. Là, sur la jetée, une douce mélopée attire l’oreille. Pourtant, pas de musicien à l’horizon. Il faut baisser les yeux pour comprendre. Le son vient… du sol.

Le chant de la nature, la musique de son enfance. Cet instrument long de 70 mètres est unique au monde. Son créateur, l’architecte croate Nikola Bašić, a voulu recréer le bruit des vagues qui s’écrase sur les rochers et qu’il aimait tant écouter enfant. À l’aide d’un expert en hydraulique maritime et d’un facteur d’orgues, il a aménagé 35 tubes de diamètres et d’inclinaisons différents sous les marches de la jetée.

Le ressac produit un souffle d’air dans les tubes tandis qu’une caisse de résonance module le son émis. Les tuyaux ont été accordés en do et sol majeur, deux accords fréquemment utilisés par les Klates, chanteurs a cappella traditionnels de Dalmatie. Cette création architecturale, récompensée en 2006 par le prestigieux Prix Européen de l’aménagement d’espace public urbain, demeure une admirable manière de souligner, en musique, que la nature reste unique. Allez, ça fait tellement du bien, réécoutons-la.