
Pour réduire drastiquement le coût des envois d’objets dans l’espace, la startup de Jonathan Yaney ambitionne de créer des catapultes en mesure de remplacer les fusées qui coutent un bras. Tout d'un coup, SpaceX semble si ringard...
L’engouement récent autour de l’espace et de la conquête de Mars est fascinant. Pour la première fois depuis des décennies, de nouvelles frontières semblent envisageables. Surtout, la grande nouveauté, c’est que le mouvement n’est pas impulsé par des politiques publiques mais par des acteurs privés. Avec sa voiture rouge en apesanteur, l’emblématique SpaceX en particulier joue les locomotives. L’entreprise d’Elon Musk a réussi à tordre les coûts d’envoi de satellites dans l’espace, notamment grâce à une prouesse qu’on pensait impossible : en récupérant les fusées de lancement, si onéreuses, qui avaient toujours été à usage unique jusque-là.
L’objectif de Spinlaunch : propulser des engins de 750 tonnes à 4 800 km/h.
Non contente d’embrayer le pas, la startup SpinLaunch pense d’ores et déjà à ubériser le business spatial en partant d’une approche étonnante : pourquoi se prendre la tête avec des dépenses délirantes en fusées et en carburant quand on peut utiliser des catapultes ? Le principe paraît un peu fumeux, mais après tout, l’Histoire nous a appris que les inventeurs les plus géniaux étaient souvent pris pour des fous, du moins au début.
Techniquement, ça marcherait comment ? Eh bien, l’idée serait en fait de construire une centrifugeuse suffisamment puissante qui, déclenchée au bon moment, propulserait des satellites à la vitesse hypersonique de 4 800 km/h, directement dans l’espace. En vrai, SpinLaunch n’exclut pas totalement que des mini fusées filent un petit coup de boost au départ pour perforer plus efficacement l’atmosphère terrestre. Mais l’un dans l’autre, plus besoin de ces énormes fusées hyper gourmande en carburant fossile ; de quoi abaisser les coûts des mises en orbite de satellites.
Faut-il vraiment y croire ? Jonathan Yaney, le fondateur de SpinLaunch, jure que c’est possible et cherche à lever 30 millions de dollars. Quand on lui oppose que la NASA y a déjà pensé par le passé, il rétorque qu’il est au courant mais que son approche est différente, notamment grâce à des infrastructures bien moins onéreuses et gourmandes en énergie. Cela semble entériné par des physiciens qui se sont penchés sur la question.
Au bout du compte, SpinLaunch ambitionne de pouvoir proposer des lancements à partir de 500 000 dollars. Une miette à côté des 62 millions de dollars que nécessite un lancement depuis un Falcon9 chez SpaceX, pourtant considéré comme le low cost à ce jour. Gardons l’œil doublement ouvert : pour suivre cette affaire et pour éviter qu’un de ces énormes engins nous passe trop près de la tête…