
Fatigués de bosser seuls chez eux, freelance et micro-entrepreneurs troquent de plus en plus la solitude contre un bout de canapé avec pour objectifs d’éviter la glandouille et de développer leur réseau, chez l'habitant.
Viens chez moi, j’habite dans une startup. « Mieux vaut un petit chez-soi qu’un grand chez les autres. » C’est certainement ce bon vieux proverbe qui décourage tous les ans les jeunes entrepreneurs à rejoindre ce fameux coworking, trop longtemps vendu comme un Eldorado, mais hélas souvent soit trop cher, soit trop loin ou soit jamais dispo. Aussi, quand on sait que le taux d’échec des startups est, selon le site 1001startups.fr, de 90%, autant ne pas mégoter sur le choix de votre espace de travail puisqu’à priori, c’est ici que vous passerez entre 8 à 12 heures par jour pour faire pousser vos idées.
Et c’est ainsi que, depuis deux ou trois ans, une tendance de fond semble s’installer comme une alternative : le coworking maison. Traduction : évitez de fixer votre joli mur blanc toute la matinée en invitant chez vous d’autres entrepreneurs, dans le même cas que vous, afin de tuer la procrastination grâce à une ambiance de boulot à domicile.
Selon une étude Randstad, 76% des salariés sont favorables à la loi télétravail de 2017.
Le télétravail, c’est la santé. Si freelance et entrepreneurs sont évidemment les premiers concernés par le coworking maison, les salariés feraient bien d’y jeter un œil. Grâce aux récentes réformes sur le télétravail autorisant désormais les « trav-ailleurs » à bosser de chez eux, il se pourrait même que cette tendance gagne toutes les classes sociales, quitte à devenir une solution face à la pénurie d’espaces abordables ou aux embouteillages du lundi matin.
« Bosser de chez soi, c’est cool, confie Jean, courtier freelance dans l’immobilier, mais on s’épuise beaucoup plus vite, on peine à délimiter vie pro et perso, sans parler du fait qu’au moindre coup de blues, on n’a personne à qui en parler. » Ce témoignage, nombre d’entrepreneurs l’ont déjà livré ; ils seraient, selon le ministère de l’Économie, plus d’un million en France, tous prêts, peut-être même sans le savoir, à se regroupe autour d’une cafetière et d’un bout de table.
Une histoire de réseau. L’intérêt de cette pratique, au-delà des quelques économies qu’on peut faire sur son loyer, c’est l’aspect social et ludique d’une solution destinée à éviter le burn out. En Suède par exemple, l’entreprise Hoffice propose depuis 2013 à ses utilisateurs de choper un bout d’espace chez le voisin le plus proche. En France par contre, c’est une autre paire de manche : inaugurée en 2014, la startup Cohome avait justement misé sur le coworking maison pour fédérer tous les travailleurs solitaires. Las, faute de rentabilité, elle mettait en novembre dernier la clef sous la porte (sic), forçant les personnes intéressées à se tourner vers les réseaux sociaux pour organiser leurs propres open space à la coule ; si tant est qu’on dispose de plus de 20m2 pour accueillir ses futurs collègues.
Si des boites comme Office Riders proposent déjà de louer un espace de travail à la journée chez un particulier, pour le reste, y’a encore un peu de boulot pour créer la « startup nation » de Macron. On se fait un café chez toi demain pour en parler ?