
Une solution inquiétante, car bien plus polluante qu’un transport en commun.
Crash vs Krach. Vous avez applaudi en constatant que le coronavirus avait réduit les émissions de CO2 en Chine comme une neige islandaise dans un brasier australien ? Du coup, vous avez également espéré voir changer les habitudes de transport en apprenant que l’épidémie vidait les avions de ligne de leurs passagers. Il semble que le COVID-19 s’apprête à compter une victime de plus à sa liste funeste : le transport aérien.
Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), les compagnies ont déjà perdu plus de 101 milliards d’euros dans cette crise. Mais comme un malheur ne vient jamais seul, celui-ci arrive en jumbo jet. Selon la BBC, le secteur a connu un phénomène surprenant : depuis février, les demandes des jets privés se sont envolées. Le nombre exact n’est pas communiqué, mais plusieurs plateformes de location ou d’avions-taxis reconnaissent une croissance à deux chiffres en un mois.
+80% d’avions privés. Il s’agissait d’abord de familles chinoises fortunées, parties fêter le nouvel an à l’étranger et souhaitant rentrer. La compagnie MyJet Asia, installée à Singapour, a ainsi transporté 80% de voyageurs en plus le mois dernier. En cause, le manque ou l’absence de vols depuis et vers la Chine, puisque toutes les compagnies sont clouées au sol, quand elles ne font pas carrément faillite. Rapidement, cette tendance a gagné l’Europe. « Dans un premier temps, les demandes se sont concentrées sur des rapatriements depuis l’Asie du Sud-Est, raconte le PDG de PrivateFly, mais nous sommes de plus en plus sollicités pour des vols en jet privé en Europe pour des clients souhaitant éviter les foules dans les grands terminaux d’aéroport et les cabines des avions de ligne. »
Un boom d’activité qui en fait tousser plus d’un : les gros jets privés ne peuvent transporter que 8 à 10 voyageurs ce qui, ramené au CO2 émis par passager, est largement au-dessus des normes du secteur.
Pas de craintes d’importation de personnes contaminées cependant : les sociétés prennent leurs précautions. « Tous les appareils […] que nous proposons à la location ont été entièrement nettoyés avec un désinfectant antiviral, clame Directional Aviation, qui permet une protection durable et sont également désinfectés entre chaque vol. »
10 par jet contre 150 dans un A320. Les États sont aussi responsables en cherchant – bien légitimement – à ramener leurs citoyens en sécurité au bercail. Un gouvernement d’Amérique du Sud a demandé à PrivateFly, un service de réservation de charters, « de mettre en place 4 vols au départ de Wuhan pour des centaines de passagers » décrivait le directeur, Adam Twidell. La société AirPartner a elle déclaré dans un communiqué sa fierté d’avoir pu ramener en Angleterre 338 passagers européens de la province de Wuhan et y avoir livré 608 cartons de matériel médical. Seule consolation, de plus en plus de plateformes de jets refusent les offres. Pas par conscience morale, mais parce qu’un pilote envoyé en Chine ne pourra plus voler pendant 15 jours… Business is business.