
Elle s’appelait Simone Louise des Forest. Derrière ce nom à rallonge se cachait une des premières femmes pilotes, mais aussi une fondatrice d’auto-école.
« En voiture Simone ! » Vous pensiez que l’expression était un peu rabaissante, rejetant une fois de plus les femmes sur le siège passager, comme l’impose sa version longue : « c’est moi qui conduis c’est toi qui klaxonnes » ? Hé bien, n’en déplaise à l’animateur Guy Lux qui la popularisa dans les années 60, l’expression doit sa naissance à une femme pas comme les autres : Simone Louise Pinet de Borde des Forest, complètement fondue de sport automobile.
Née en 1910 à Royan, Mademoiselle Pinet de Borde des Forest s’est montrée désireuse de conduire l’automobile de son oncle, dès ses 12 ans. Elle aura plus tard l’audace de demander à passer son permis de conduire à une époque où ce certificat était réservé aux hommes de 21 ans révolus. Inspirée par la pionnière Anne De Rochechouart, duchesse d’Uzès qui le réclama en 1898, Simone Louise des Forest obtient le sien en 1929, et ce n’était pas pour aller faire du shopping, mais bien pour faire des courses, des vraies courses.
Record woman. Dès 1930, elle s’inscrit à une course de côte dans le Puy-de-Dôme, rien que pour montrer que les femmes ont le même contrôle de ces machines que les hommes. L’année suivante, elle conduit les 960 kilomètres du rallye Paris-Antibes-Juans-les-Pins et emmène sa mère, promue au poste de copilote pour courir la course Paris-Vichy.
"En voiture Simone !". Célèbre expression popularisée par Guy Lux dans son émission Intervilles des années 60, représente à l'origine une des première et très talentueuse pilote de course de l'histoire : Simone Louise de Pinet de Borde des Forest. pic.twitter.com/vWrTlT0Sck
— AutoAnecdotes (@AutoAnecdotes) May 31, 2021
Par deux fois, en 1934 et 1935, elle participera même au rallye Monte-Carlo, en s’offrant au préalable un détour par la Roumanie, à 3772 kilomètres de là. La seconde fois, elle s’associe à une autre pionnière, Odette Siko, spécialiste des courses d’endurance, dont les 24 Heures du Mans. Ensembles, elles vont également répondre à l’appel de la marque d’huile Yacco qui organisait une course contre la montre en 1937 sur le circuit de Linas-Montlhéry. En équipe avec les coureuses Hellé Nice et Claire Descollas, elles établissent plusieurs records qui forcent le respect des messieurs. Mais la bravoure de Simone Louise des Forest ne s’arrête pas là.
Mettre les femmes au volant. Pendant la Seconde guerre mondiale, Simone des Forest va faire faire profiter de ses talents ceux qui en ont le plus besoin… en prenant le volant d’un camion de la Croix-Rouge. Une expérience qui lui servira de tour d’essai après guerre lorsqu’elle participera au championnat des routiers… avant d’enchaîner avec les 24 Heures de Spa et les mythiques 1000 kilomètres du Nurburgring.
Sa passion pour l’automobile ne déclinera qu’en 1957 après sa découverte de l’aviation… à laquelle elle se consacrera pleinement. Entre temps, elle aura ouvert une des premières auto-école, en 1950, où elle enseignera en personne aux jeunes hommes comme aux femmes. Que les mauvaises langues gardent leur blague de “femme au volant, mort au tournant” : Simone des Forest est décédée en 2004 sans avoir connue le moindre accident de toute sa carrière de pilote. Aucun. Alors, qui conduit et qui klaxonne ?
Crédit photo de Une : simpleinsomnia / Flickr