
Avant de disparaître mystérieusement, la pilote américaine a enchaîné les records de vol. Des passionnés continuent de chercher le dernier avion de cette pionnière féministe dans l’océan Pacifique.
Eagle high chérie. Née au Kansas en juillet 1897, Amelia Earhart a commencé par faire des études dans l’Ontario avant de s’engager auprès de la Croix Rouge pendant la première guerre mondiale ; ce qui la poussera à suivre des études de médecine. Mais sa véritable carrière démarrera en faisant son baptême de l’air en 1920. Ses économies serviront à payer ses leçons de vol puis son propre avion, un biplan jaune canari avec lequel elle atteint l’altitude record de 4300 mètres, ce qu’aucune femme n’avait jamais fait avant elle. Quand on a tutoyé les aigles, impossible de viser plus bas, sa vie sera donc faite d’exploits sans cesse plus inaccessibles.
Amelia Earhart posing next to her first plane, a Kinner Airster, that she nicknamed "The Canary" due to the plane's bright yellow color. pic.twitter.com/emjRVGg5TX
— Amelia Earhart (@AEarhart_) November 7, 2018
Les patates du Président. Une fois que Charles Lindbergh eut franchi l’océan Atlantique en 1927, plusieurs femmes tentèrent d’égaler son exploit. En vain. On invita Amelia Earhart à le faire mais… on ne lui laissa que le siège passager, tandis que le manche à balai du Fokker F. VII resta dans les mains de Wilmer Stultz, secondé par le mécanicien Louis Gordon. L’hydravion trimoteur décolla de Terre-Neuve le 17 juin 1928, et vola pendant 20h40 avant de se poser en Angleterre. À l’arrivée, Amelia répondit aux journalistes qui photographiaient cette curiosité – une aviatrice à une époque ou les femmes n’avaient pas le droit de conduire – qu’elle n’était qu’ « un sac de pommes de terre » posé sur une banquette, selon ses termes. Mais Miss Earhart ne comptait pas s’arrêter là.
Après un aller-retour entre New York à Los Angeles en 1928, elle explosera son record d’altitude en grimpant à 15 000 pieds (4572 mètres). Puis, début mai 1932, elle s’élance aux commandes d’un Lockheed Vega 5B rouge comme des ongles vernis, seule cette fois. Parti du Canada, l’avion ne se posera que 15 heures plus tard en Irlande sous les vivats. Pour son exploit et son faux-air de Charles Lindbergh, on la surnomma « Miss Lindy » à son grand agacement, elle qui avait déjà refusé de changer de nom lors de son mariage.
May 20th 1932. Amelia Earhart leaves Newfoundland and becomes the first woman to fly solo across Atlantic. https://t.co/BvhOMo5nsc @AEarhart_ pic.twitter.com/NasV90LmuB
— yoshitada okada (@okadascape) May 22, 2018
D’un océan à l’autre. En 1935, Amelia Earhart s’attaquera au Pacifique et emmènera son aéronef d’Honolulu (Hawaï) à Oakland (Californie). Presque 3900 kilomètres dans le cockpit. La même année, elle passe 14 heures aux commandes, volant de Mexico à Newark (New York) ; puis prépare le plus long plan de vol possible : un tour du monde en longeant l’équateur, en bimoteur. Son choix se portera sur un Lockheed Electra 10-E qui décolle d’Oakland le 21 mai 1937, cette fois avec le navigateur Fred Noonan. Après 13 jours de voyage, et une vingtaine d’étapes entre l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Inde et l’Asie, ils arrivent le 2 juillet en Papouasie-Nouvelle-Guinée avec pour objectif d’atterrir dans l’atoll d’Howland. En approche, ils contactent les gardes-côtes américains pour annoncer un faible niveau de carburant. Puis ils disparaissent des ondes.
Today in history, Amelia Earhart and her navigator disappeared over the Pacific Ocean. Do you have any memories about this day? pic.twitter.com/zcXxS4LNvF
— Amelia Earhart (@AEarhart_) July 2, 2018
Introuvable. Des dizaines de bateaux et d’avions chercheront en vain le Lockheed mais, ni dans l’eau ni dans les îles environnantes, on ne retrouvera la carlingue. On pensa qu’Amelia et Fred s’étaient écrasés sur les îles Marshall où l’armée japonaise les aurait capturés. Mais après avoir découvert des traces d’un bivouac sur l’île de Nikumaroro, à 600 kilomètres de là, des aviateurs envisageront que l’avion d’Amelia Earhart aurait dévié plein sud avant de se crasher. Sur place, des instruments de navigation, des débris mais surtout des ossements on été retrouvés en 1940 ; ré-examinés avec des technologies récentes, ils viennent d’être attribués à la dépouille d’une femme dont la morphologie correspondrait à Amelia…
La pionnière est aujourd’hui révérée. Un festival d’aviation porte son nom de même qu’un modèle d’avion commercialisé par Lego. Mais plus qu’un mystère, Miss Earhart a laissé un héritage fort. La recherche d’une égalité femmes-hommes, quitte à frôler la mort pour la démontrer.
“Flying may not be all plain sailing, but the fun of it is worth the price.” – Amelia Earhart pic.twitter.com/VNnvgibMB9
— Amelia Earhart (@AEarhart_) November 28, 2018