
Les particularités de la vie politique française ont toujours passionné les médias étrangers. La grève contre la reforme des retraites leur donne une nouvelle opportunité d'étudier nos singularités. Revue de presse des réactions à travers la planète.
Des Gaulois réfractaires selon les Américains. Commençons ce tour de table par deux médias américains – un territoire libéral s’il en est, où les fonds de pension privés sont largement développés. Au pays de l’Oncle Sam, le Washington Post ne s’étonne pas de ce nouveau mouvement social sur le sol français : « Grèves et protestations sont bien sûr une caractéristique bien connue de la vie française, du soulèvement étudiant de 68 aux manifestations des “gilets jaunes”. Aucune autre démocratie occidentale n’a autant de tolérance pour les voitures brûlées et les vitrines cassées. »
“Un pays rempli de retraités en pleine forme“, New York Times.
Pour le New York Times, les manifestants s’opposent à la reforme d’un « généreux système de retraite, unique en son genre […] où l’âge moyen de départ à la retraite est parmi les plus bas des pays industrialisés et le montant des pensions est l’un des plus élevés ». Le journaliste continue ensuite ses fines observations : « La France possède l’un des taux de pauvreté des seniors les plus bas au monde et les centres de loisirs sont remplis de retraités en pleine forme. »
Un modèle unique selon les Allemands. Les pages du quotidien allemand Die Tageszeitung, plutôt situé à gauche, donnent un autre son de cloche : « Dans ce conflit, il s’agit de défendre un symbole du modèle social français et du service public auquel les Français tiennent particulièrement. » Dans une tribune que publie en Angleterre The Guardian, on constate également l’attachement des Français à ce modèle unique en son genre : « Les salariés français tiennent à leur système de protection sociale. C’est pour cela qu’ils font grève. »
Dans tous les cas, la presse étrangère voit dans cette nouvelle mobilisation une étape cruciale du quinquennat en cours. Si le journal suisse Le Temps prédit que « Philippe Martinez, le leader de la CGT, joue son avenir », El Mundo préfère y voir « l’heure de vérité pour Emmanuel Macron ». Le quotidien espagnol écrit : « Emmanuel Macron joue son mandat et sa capacité à se représenter à l’élection présidentielle sur cette réforme. »
Mais c’est peut-être le Times de Londres qui résume finalement le mieux le bras de fer qui paralyse actuellement l’Hexagone. On peut lire dans ses colonnes : « Le traditionnel paradoxe français sur les grèves est à l’œuvre. Une majorité sympathise avec les grévistes, mais soutient aussi la réforme. » Tout l’art d’avancer et de reculer en même temps, en somme. Une particularité bien française, dès lors qu’il est question de mobilité.


