
Il fallait au moins des stars des années 80 pour transformer le premier pays pétrolier européen en capitale de la mobilité verte.
Take on me. Vous vous souvenez sans doute du groupe de new wave norvégien A-ha. Avec leur tube Take on me, les garçons devenaient les héros européens de l’année 1984, et ça ne rajeunit personne. On aurait donc rapidement de quoi conclure que le boys band n’a jamais rien fait d’autre après cela, mais le jugement est un peu hâtif.
À une époque où la Norvège était loin d’être acquise à l’automobile électrique – le pays est un pays producteur de pétrole, responsable encore aujourd’hui de 2% de la production mondiale – la gloire nationale A-ha a brillé par son flair visionnaire et s’est positionnée en faveur de la mobilité propre.
Electricité rime avec gratuité. La scène se déroule en 1989 et voit les chanteurs et claviériste du groupe A-ha s’associer au responsable de l’association norvégienne de défense de l’environnement Bellona – c’est le site de cette dernière qui relate l’épisode – Frederic Hauge. Durant un séjour en Suisse les trois décident de ramener à Oslo une voiture électrique – convertie de manière artisanale par son propriétaire pour fonctionner sur batterie. Une fois revenus dans la capitale norvégienne, les trois, tels des rockstars ont commencé à enfreindre les règles en se garant illégalement, en empruntant les voies de bus et en franchissant les péages sans payer. Leur mobile : tout devrait être gratuit pour une voiture non polluante.
Read about how The Bellona Foundation and the pop phenomenon A-ha started the EV revolution that lead to Norway being the world’s leading nation in electrical vehicles 👇🏻https://t.co/jIJHs4kxeW
— Bellona (@Bellona_no) February 5, 2021
Evidemment, l’épisode engendre un pataquès et le message du trio commence à être entendu : non seulement les voitures électriques doivent pouvoir être autorisées à l’immatriculation en Norvège, mais elles devraient être exemptées de péages et de frais de stationnement et autorisées à prendre des voies de bus. Le fait que des stars de la musique soient impliquées aide à accélérer les choses.
L’année suivante, le gouvernement commence à courber l’échine : non seulement la Norvège a assoupli ses règles d’immatriculation pour autoriser les véhicules électriques, mais elle a également exempté ces derniers de taxes d’importation. Puis en 1996, le gouvernement exempte les véhicules électriques de taxes routières et l’année suivante, il supprime les péages pour les conducteurs de véhicules électriques. Ces derniers obtiennent également la gratuité des parkings publics en 1999 et, quelques années plus tard, l’accès aux voies de bus pour contourner le trafic.
A-ha bien qui rira le dernier. Si depuis 2017 les parkings et péages ne sont plus gratuits pour les véhicules électriques, cela n’a pas empêché ces derniers de connaître un big bang. En Norvège, 7 voitures vendues sur 10 sont électriques (64,5 % sur l’ensemble de l’année) tandis que les voitures à essence ne représentent plus que 10% du marché automobile. En somme, la Norvège semble en bonne voie pour atteindre son objectif : que 100% des voitures neuves vendues soient à « zéro émission » (hydrogène ou électrique) d’ici 2025. Moralité : peut-être que la France aurait un marché automobile plus vert aujourd’hui si Indochine s’était mobilisé au bon moment.
Crédit photo : Bellona