
Siri, Assistant, Google Now… quand l’intelligence est vraiment artificielle
Ils sont les nouveaux génies de la lampe. Mais en version téléphone. Il suffit de presser longuement le bouton central de l’appareil et ils apparaissent en demandant : “Que puis-je faire pour vous ? ” Que se soit Siri ou Assistant, on nous promet un monde meilleur avec ces assistants virtuels censés tout résoudre pour nous. Alors j’ai attaqué fort…”Assistant, trouve-moi un mari”… Récit. Et interview de Rand Hindi, spécialiste de l’intelligence artificielle.
“ – Assistant, trouve-moi un mari.
– Je ne peux pas faire ça. Il faudra que tu attendes ma prochaine mise à jour. ”
Ma première tentative de dialogue avec un assistant virtuel est une déception. Pourtant, les grands du Web ne jurent que par l’IA et ont investi massivement dans des algorithmes pointus : Siri chez Apple, Assistant (entre autres) pour Androïd ou encore Cortona pour Microsoft. La promesse est simple : faire de nos portables, de nos ordinateurs et bientôt de nos maisons, des concierges démApple, Assistant (entre autres) pour Androïd ou encore Cortona pour Microsoft. La promesse est simple : faire de nos portables, de nos ordinateurs et bientôt de nos maisons, des concierges dématérialisés censés exaucer tous nos désirs. HélaAndroïd ou encore Cortona pour Microsoft. La promesse est simple : faire de nos portables, de nos ordinateurs et bientôt de nos maisons, des concierges dématérialisés censés exaucer tous nos désirs. Hélas ! On est encore loin du fantasme porté à l’écran par SpCortona pour Microsoft. La promesse est simple : faire de nos portables, de nos ordinateurs et bientôt de nos maisons, des concierges dématérialisés censés exaucer tous nos désirs. Hélas ! On est encore loin du fantasme porté à l’écran par Spike Jonze dans Her où la voix deMicrosoft. La promesse est simple : faire de nos portables, de nos ordinateurs et bientôt de nos maisons, des concierges dématérialisés censés exaucer tous nos désirs. Hélas ! On est encore loin du fantasme porté à l’écran par Spike Jonze dans Her où la voix de Scarlett Johansson rend raide dingue amoureux Joaquin Phoenix (avant de briser son coeur non virtuel).
Quand on demande à Assistant ou Siri la simple tâche de trouver un mari à une humble journaliste en enquête de terrain virtuel, les réponses sont plutôt insatisfaisantes. Les deux assistants de reconnaissance vocale proposent de basculer vers une application de rencontres. Google Now affiche des résultats encore plus déroutants. En tête de classement : les funérailles du “mari René” de Céline Dion. Consternation… Céline Dion. Consternation…
En comparaison, en deux clics et une connexion sur Tinder avec la phrase d’accroche “Je cherche un mari”, cinq minutes ont suffi pour récolte“Je cherche un mari”, cinq minutes ont suffi pour récolter deux “super likes”, la crème de la crème du “match” (cependant, aucune bague n’a encore été reçue à ce jour).“super likes”, la crème de la crème du “match” (cependant, aucune bague n’a encore été reçue à ce jour). “match” (cependant, aucune bague n’a encore été reçue à ce jour).
L’intelligence artificielle n’a pas (encore) inventé le fil à couper le beurre
En proie au désespoir, je décide de me rabattre sur une part de tarte à la rhubarbe. Prise d’angoisse, je demande aux trois assistants combien de calories je vais ingurgiter. Assistant d’Android affiche une “map” et déclare “ne pas trouver d’itinéraire pour aller de ‘tarte’ à ‘rhubarbe’”. Je hoche la tête, mi-déprimée, mi-compréhensive. Google Now et Siri m’affichent une recette et un tableau de conversion des calories. Euh… Du cou“ne pas trouver d’itinéraire pour aller de ‘tarte’ à ‘rhubarbe’”. Je hoche la tête, mi-déprimée, mi-compréhensive. Google Now et Siri m’affichent une recette et un tableau de conversion des calories. Euh… Du coup de blues à la nostalgie de l’enfance… Je décide d’écrire à ma mère.
“Envoie un message à ma mère pour lui dire que je la rappelle à 20h”.
A priori, rien d’extravagant dans cette demande. Là où le bât blesse, c’est qu’on est loin d’une simple dictée à un secrétaire particulièrement zélé. En bref, il faut d’abord apprendre à parler la même langue que son assistant avant qu’il soit plus rapide que vous pour effectuer certaines tâches comme vous rappeler un rendez-vous, envoyer un texto que vous lui avez dicté ou déplacer un rendez-vous dans votre agenda. Concernant ma mère, j’ai d’abord dû connecter “Mum” à “Maman”. “Maman”.
Assez anodin, cet ajustement devient vite fastidieux parce qu’il faut absolument tout paramétrer. Un rappel de rendez-vous chez le médecin ? Et hop, vous êtes bon pour connecter votre agenda, le contact et l’heure avec l’assistant. Un rappel pour un coup de fil ? IDEM. Acheter une application ou de la musique ? Vous devez d’abord rentrer votre code de carte bancaire. En revanche, dès que les premières demandes ont été faites, l’assistant devient vraiment rapide. Concernant des demandes plus simples comme la conversion d’un dollar en euro ou les résultats d’une équipe de foot, ils sont même plus forts que Google.
L’intelligence artificielle peut travailler son QI
Même si les performances des assistants de nos téléphones portables se sont considérablement améliorées depuis la sortie de Siri d’Apple en 2011, les débuts sont encore laborieux et les réponses balbutiantes, à l’opposé des promesses des présentations grandiloquentes des géants du web. Comme lorsque Google présentait “Assistant”, le Google Now en mieux, en mai dernier. Les technologies utilisées reposent certes sur des algorithmes ultra_pointus, capables de scanner le web et de croiser leurs infos en prenant la main sur les applications du téléphone, mais la mise en route est longue et demande à chacun des deux partenaires, robot et humain, d’avoir très envie de faire connaissance. Astuce, plus l’assistant est utilisé, plus il vous “connaît”. Il s’améliore, comme un humain qui monterait en compétence dans son job.
Facebook, trouve-moi un bikini !
Derrière la jolie voix polie de Siri, ne vous y trompez pas, la guerre des algorithmes fait rage… et vous n’en n’avez jamais entendu parler ! Les “personnal assistants” se livrent une bataille sans merci pour vous servir et se ruer sur vos précieuses données. Cette juteuse ruée vers la data n’a pas manqué d’attirer d’autres acteurs que Google, Microsoft ou Apple. Pour mieux capter son audience et, surtout, éviter qu’elle n’aille explorer d’autres contrées virtuelles (comprenez chez Google) Facebook a lancé sa propre armée, les chatbots. Concrètement, n’importe quelle marque peut aujourd’hui développer un robot virtuel qui répondra à vos questions comme n’importe lequel de vos amis, via l’application Messenger. Vous cherchez un maillot de bain pour cet été ? Le chatbot de H&M se fera un plaisir de vous répondre (en anglais). KLM, CNN ou encore Voyages-Sncf ont aussi très envie de papoter avec vous.
Bémol cependant, comme leurs cousins à reconnaissance vocale, le dialogue reste assez laborieux et au jeu de la recherche, le grand gagnant reste Google, bien plus simple et rapide. D’autres encore, moins connus, se positionnent dans la conciergerie privée via un simple échange de textos comme ClacDesDoigts qui propose de vous rendre n’importe quel service, après que vous ayez rentré votre numéro de carte de crédit. Mais la gentillesse n’a pas de prix, c’est bien connu.
Et demain…
Téléphone portable, ordinateur, et aussi la maison, rien n’arrête la soif de sollicitude des assistants personnels. Oubliez la domotique, Amazon et de Google veulent aussi contrôler votre maison grâce à des enceintes baptisées respectivement Echo et Home. Reliées à un service de commande vocale, il suffit de rentrer chez soi, d’appeler de votre douce voix “Alexa” (ou bichon, canard ou chouchou, le prénom est paramétrable) et de lui demander de faire vos courses, fermer les volets ou d’acheter le dernier album de Justin Bieber (ce qui est plaisant avec un assistant virtuel, c’est qu’il ne juge pas ). Mais il faudra vous armer de patience, le service n’est pas encore disponible en France. Et rien ne dit que le nouveau bot francophone vous trouvera un mari…
L’avis de l’expert
3 questions à Rand 3 questions à Rand Hindi, fondateur de Snips. Monsieur intelligence artificielle.
Détours – Pourquoi les assistants virtuels sont-ils décevants ?
Rand Hindi – Pour moi, c’est avant tout un problème de marketing. Ils sont vendus comme des assistants qui savent tout faire. Or, on se rend compte très vite que ce n’est pas le cas. Et c’est la déception. Mais il existe aussi des barrières techniques : le langage humain est super compliqué à comprendre. Il est extrêmement ambigu. Nous, nous sommes capables de le “désambigüer” en fonction du contexte : la personne qui parle, l’actualité ou notre expérience. Par exemple : “C’est chaud ce qui s’est passé avec le camion”. On comprend tout de suite qu’il s’agit de Nice, mais pas l’assistant. Pour le moment, nous n’avons pas les technologies nécessaires pour modéliser les concepts entre eux et rendre les assistants vraiment performants.
Quand l’intelligence artificielle va-t-elle vraiment devenir intelligente ?
On peut déjà faire plein de trucs utiles ! Mais pour le langage, il va encore falloir entre 2 et 5 ans avant que l’on puisse vraiment avoir de la techno performante. En revanche, on va commencer à résoudre des problèmes très circonscrits. Autrement dit, on va voir débarquer une ribambelle d’assistants ultra spécialisés, un peu comme des applis : un qui s’occupera de gérer l’agenda des meetings, un autre qui organisera une soirée avec quinze de tes amis… ou un autre qui fera les courses. C’est d’ailleurs un peu ce qu’a essayé de faire Facebook avec ses bots. Mais ils sont bêtes.
Que vont devenir ces assistants dans le futur ?
A chaque fois que l’on ajoute un objet connecté dans notre quotidien et qu’il faut interagir avec cette nouvelle techno, c’est difficile. Avec les centaines de nouveautés qui arrivent sur le marché, ça va être dur ! Ce que l’on peut imaginer, c’est que ces objets vont interagir avec nous en arrière_plan pour gérer les aspects de nos vies qui nous embêtent. Par exemple, j’ai passé 45 minutes avec le SAV d’Air France, c’était vraiment une perte de temps dans ma vie ! Demain, je dirai à un assistant de régler le problème à ma place. Finalement, ça sera peut être le stade ultime de liberté : laisser les assistants gérer les trucs chiants et nous laisser faire ce qui nous plaît vraiment. Peut-être même qu’un bot sera capable d’analyser ton style, de mener les interviews à ta place et d’écrire ton article…