
Il existe des zones privées d’autoroutes en France, freinant ainsi leur développement économique. En Haute-Vienne, des chefs d’entreprise ont donc songé à palier eux-mêmes les manquements de l’État.
La RN 147 ne vous évoque sans doute absolument rien. Pourtant, que ce soit pour les chauffeurs routiers comme bien des patrons d’entreprises, cette nationale qui comble les 130 kilomètres entre Limoges et Poitiers est un véritable cauchemar. D’abord parce qu’elle est le lieu de fréquents accidents. Ensuite parce qu’il faut parfois jusqu’à deux heures et demi pour parcourir cette portion, la faute à des infrastructures inadaptées à la réalité du terrain.
Prendre les choses en main. Déplorant que l’État ne les aide pas à s’extraire de ce bourbier, 2000 chefs d’entreprise se mobilisent aujourd’hui en Haute-Vienne sous la bannière « Unis pour entreprendre ». Ils poursuivent deux objectifs majeurs : un train qui relie Limoges à Paris en 2h30, et un véritable tronçon d’autoroute jusqu’à Poitiers. Pour ce qui est de ce dernier chantier, ces patrons assurent qu’ils sont en mesure de lever 60% des financements (environ 600 millions sur les 900 nécessaires) pour transformer cette nationale en véritable autoroute. De la sorte, Limoges pourrait assumer pleinement le rôle de lieutenant économique qui lui revient, derrière Bordeaux, dans la région Nouvelle-Aquitaine.
Un futur bras de fer avec l’État ? Récemment, Pierre Massy, le président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Limoges expliquait dans une interview à BFMTV que le collectif d’entrepreneurs a pensé à tout : « On a un modèle économique. Avec 4000 voitures par jour et 700 camions, l’autoroute est rentable. » L’entrepreneur jure que deux concessionnaires d’autoroute seraient déjà intéressés pour exploiter le tronçon.
Reste qu’il va falloir convaincre l’État – qui s’y oppose donc – ainsi que le Conseil départemental. Ce dernier a pour l’instant retenu une autre solution : aménager l’actuelle nationale en deux fois deux voies sur quelques tronçons en sortie des grandes agglomérations concernées. La guerre médiatique a tout l’air d’être lancée.