
La société Aqualines, fondée en 2013 et spécialisée dans les navires à « effet de sol », a choisi Bayonne pour installer son usine et effectuer ses premiers tests grandeur nature. Décollage prévu d’ici 2024.
De la Russie à Bayonne. Durant la guerre froide, qui oppose deux blocs (Les États-Unis et l’Union Soviétique), un ingénieur russe, Rostislav Alekseïev, invente un hydravion capable de voler juste au-dessus de l’eau. Baptisés « Ekranoplan », ces bateaux volants conçus pour l’armée sont testés et utilisés durant plusieurs années. En 2013, quand Pavel Tsarapkin lance sa société Aqualines, c’est vers ces technologies capables de faire voler ces énormes carcasses qu’il se tourne. Il est rejoint par l’entrepreneur Guillaume Catala en 2018 puis par Laurent Godin (ancien patron d’Airbus en Indonésie). Par contre, les trois hommes n’ont pas envie de participer à l’effort de guerre.
Non, ils comptent construire une gamme de bateaux volants, qui embarqueront des moteurs électriques et à hydrogène, destinés au transport de passagers. Les engins d’Aqualines, plus petits que les mastodontes russes, seront capables de voler à une vitesse allant de 200 à 320 km/h. Le secret : « l’effet de sol », un principe connu des aviateurs qui permet la formation de coussins d’air entre le sol et l’aile de l’appareil. Ce phénomène aérodynamique permet au bateau de voler tout près de la surface de l’eau. Avec moins de traînée, l’appareil peut ainsi parcourir plus de distance avec beaucoup moins d’énergie.
L’un des exemples pris par Aqualines est celui de la liaison entre Tallinn en Estonie et Helsinki en Finlande. Les deux villes sont séparées par 80 kilomètres d’eau, et deux solutions s’offrent aux voyageurs : un trajet de deux heures en ferry ou un court vol en avion. Avec ses bateaux, la société française pourrait proposer une solution « propre » et rapide d’une durée de moins de 30 minutes. Un trajet Marseille-Ajaccio pourrait prendre moins d’une heure.
Depuis 2015, Aqualines a construit huit prototypes qui ont tous passé une batterie de tests. L’entreprise compte désormais s’installer à Bayonne, construire un bâtiment de 6 500 mètres carrés près du port (afin d’avoir un accès direct à l’océan) et embaucher une trentaine de personnes. Elle se donne 30 mois pour concevoir deux modèles à taille réelle afin de les tester d’ici 2024. « Ce seront d’abord des engins de trois places avec cockpit ouvert. Puis, d’ici 2027, des navires de transport public, de 14 à 50 places. Et enfin, dans les trois ans suivants, les plus gros porteurs, allant jusqu’à 300 sièges », explique Guillaume Catala à l’Usine Nouvelle. Au total, 170 entreprises diverses (opérateurs de transport ou entreprises de secours par exemple) seraient déjà intéressées par ces bateaux volants. Une commercialisation est prévue pour 2024. Trois années pour réunir les fonds nécessaires et mettre sur pied des navires volants. Plus facile à dire qu’à faire.
Crédits photos : @Aqualines // Plus d’infos par ici.