
À 15 ans, son périple a fait les gros titres des journaux pendant toute une semaine. À l'arrivée, la fédération nationale de cyclisme voulait la recruter !
Delhi de fuite. Ils ne sont pas nombreux les champions de cyclisme à avoir emmené un passager sur leur porte-bagage mais Jyoti Kumari sera peut-être la première. Cette adolescente de 15 ans incarne à elle seule la situation de milliers d’Indiens mis sur la paille par le coronavirus : son père, Mohan Paswan, conduisait un pousse-pousse dans les rues de New Delhi jusqu’à ce que le confinement imposé au pays en mars dernier l’empêche d’exercer. Ayant été blessé durant un accident de la route, il aurait aimé être soigné mais, sans travail, comment régler le médecin ? D’autant que le propriétaire de leur appartement exigeait ses loyers avant tout…
Le vélo, une alternative au train ? Plutôt que de baisser les bras, la famille a décidé de remonter… en selle. Car si les déplacements longue distance du pays se font essentiellement en train, les compagnies ferroviaires ont été fermées pendant la crise. « Je n’avais pas d’autre choix, se justifie la jeune femme au Guardian. Nous n’aurions pas survécu si je n’avais pas pédalé jusqu’à notre village. » Un vrai miracle car ce village est situé dans le Bihar, une région située à environ 1000 km de la capitale. Jyoti Kumari ne s’est pas démontée, a installé son père sur le porte-bagage du vélo et a pris la route.
The pandemic lockdown has roiled migrant communities around the world. In #India, Jyoti Kumari, a 15-year-old Dalit girl, cycled her injured father 1,200 km back to their Bihari village from outside Delhi, where he was facing eviction. https://t.co/WTJgQXiNhP
— Kejal પ્રવીણ Vyas (@kejalvyas) May 20, 2020
Une nation de migrants. Ils auront mis une semaine à traverser les 1200 kilomètres qui les séparaient de leur village, suivis par les médias qui voyaient d’abord un fait divers, puis une incarnation de tous les travailleurs ruinés obligés de migrer pour survivre à la crise. Son exploit n’a pas échappé à la fédération indienne de cyclisme : « Elle a parcouru cette distance en 7 jours, a rappelé son président Onkar Singh, avec son père en plus des bagages. Je pense qu’elle a quelque chose en elle. […] Nous pouvons la tester. » La fédération a donc proposé à l’ado de passer les épreuves de recrutement mais celle-ci, la tête sur les épaules, a répondu qu’elle préférait faire des études que du sport. Réponse d’Onkar Singh : « Nous lui avons dit que nous prenons aussi en charge les études dans nos académies. » Dès que les restrictions de déplacements auront été levées, la jeune femme devrait donc rencontrer les cyclistes pro une fois rentrée à New Delhi… à bicyclette ?