
Comme tous les ans, le retour de l’hiver s’accompagne d’un problème social récurrent : comment aider les sans domicile fixe à affronter le froid ? L’Australien Norman McGillivray, lui, a simplement retourné le problème : il suffit simplement d’occuper les espaces… inoccupés.
Un hôtel pour tous. S’il avait connaissance des chiffres récents, l’Abbé Pierre se retournerait certainement dans sa tombe : à ce jour en France (source INSEE 2013) environ 150 000 personnes sont sans domicile. Et rien qu’en 2018, ce sont 566 personnes qui sont officiellement mortes dans la rue (le nombre total, officieusement, se rapprocherait davantage des 3000). La France, de ce point de vue, n’est pas une exception. Et même en Australie, où les chaleurs sont plus intenses en été, les SDF ne sont pas mieux lotis (sic). C’est là-bas qu’un certain Norman a décidé de créer fin 2018 la fondation à but non lucratif Beddown en partant d’un constat simple, un jour où il s’est garé dans un parking vide : pleins le jour (avec les voitures des salariés) mais vides la nuit, ces espaces étaient depuis le début une solution, sous notre nez.
So proud we have done it with a truly exceptional group of people ❤️ https://t.co/qwHcv0H0BH
— Norm McGillivray (@normmcgillivray) October 10, 2019
Occuper le vide, partout. À la manière des collectifs français réquisitionnant de force les immeubles vides à Paris et ailleurs, Norman McGillivray a décidé de mettre ces parkings inoccupés à profit pour ceux qui en ont besoin. “[Avec Beddown] on observe les espaces avec un regard différent, cela veut dire que l’on choisit des espaces occupés durant la journée mais vides la nuit, a-t-il déclaré, on prend ces espaces pour leur donner un nouveau but : se transformer en un pop-up d’hébergement.”
Concrètement, sa fondation récupère depuis début 2019 des emplacements cédés par une société partenaire (Secure Parking) et à la guerre comme à la guerre, chaque parking est réaménagé chaque nuit par des bénévoles venus de tous bords (des infirmiers, des dentistes, des coiffeurs, etc) pour aider les SDF à mieux dormir, loin du bruit, du froid et des mauvaises fréquentations. Des lits de première nécessité sont installés avec, quand cela est possible, des buanderies éphémères et douches.
« On parle à des enceintes qui nous donnent des informations. Qui nous commandent des pizzas, qui nous commandent des taxis Uber. On a des voitures qui se conduisent pratiquement toutes seules. Et pourtant, on a encore plus de 8000 personnes qui dorment à la rue en Australie. » (Norman McGillivray)
À ce jour, 60 “parkings-hôtels” ont été ouverts en Australie et à terme Norman espère pouvoir aider 3000 SDF à transformer leur cauchemar absolu (la nuit et ses incertitudes) en vrai moment de repos.
It's the first week of Aussie winter and this #ThankYouThursday we're sharing the story of a small charity bringing comfort and warmth to those experiencing #homelessness. https://t.co/qEucEiGcly
— Bianca Crocker | CFRE, FFIA (@TheFishChick) June 3, 2020
Bonne nuit, Blanche. En France, Emmanuel Macron avait quant à lui promis au début de son premier mandat que le problème des sans domicile fixe serait une priorité, et qu’il serait rapidement réglé. Une promesse hélas non suivie d’effets, et qui lui a notamment valu un tacle sanglant par l’humoriste Blanche Gardin. Celle qui a refusé en 2019 la Légion d’honneur en raison de cette inaction, rajoutait alors : “Où comptiez-vous les mettre, ces gens que vous ne vouliez plus voir dans la rue Monsieur le président, alors que vous preniez toutes ces mesures qui allaient provoquer l’effet inverse ?”.
Bilan du match ? Norman et Blanche 1, Manu, 0.
Plus d’infos sur le site officiel.