
Depuis la fermetures des EHPAD, ces époux sont séparés pour la première fois depuis leur mariage. Mais leur amour est plus fort que le confinement.
Marion, un prénom prédestiné. C’est une union miraculeuse que vivent Nick et Marion Avtges, un mariage qui dure depuis 61 ans. L’amour de ces deux Américains a même résisté au placement en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de Marion l’année dernière. Nick lui rend visite tous les jours à la maison de retraite médicalisée et passe la journée avec elle avant de rentrer chez lui, à Waltham, dans le Massachusetts. Mais avec l’explosion de l’épidémie de COVID-19, toutes les maisons de retraite ont interdit les visites pour protéger les résidents.
Le confinement peut tuer. Après plusieurs semaines sans pouvoir voir son mari, Marion Avtges a commencé à déprimer et se délaisser. Le risque de cette perte de lien social, c’est ce que les professionnels appellent le “syndrome de glissement” : les personnes âgées perdent d’abord l’appétit, puis se négligent avant de se laisser lentement mourir. Il est très difficile de remonter cette pente.
Craignant cette situation, leur fils Chris a décidé d’aider son père à rendre visite à son épouse. Il a lancé un appel à l’aide sur Facebook pour trouver une nacelle élévatrice ; un ami s’est proposé de lui trouver un camion-nacelle. Quelques jours plus tard, Nick Avtges montait dans l’engin de chantier.
L’amour donne des ailes. À 88 ans, il s’est retrouvé à la hauteur de la fenêtre de sa femme, au 2e étage de la maison de retraite. Le couple a pu discuter ainsi pendant 20 minutes, uniquement séparé par la fenêtre ; juste avant la descente, Nick a accroché aux grilles de la fenêtre une feuille où il avait écrit « Je t’aime mon cœur », ce à quoi Marion a répondu : « Je t’aime aussi, plus que tu ne le penses. »
De quoi faire réfléchir, à l’heure où les EHPAD de France ont obtenu l’autorisation de rouvrir leurs portes aux familles, à l’importance de ne pas laisser leurs résidents abandonnés. Si nous ne pouvons tous louer des nacelles, il est facile d’écrire une lettre ou téléphoner pour prendre des nouvelles de nos aïeux ou nos proches.