
Dans la Drôme, au pied du massif du Vercors, Baptiste a posé ses bagages pour concevoir de magnifiques cycles en matériau organique. Passionné par le bois depuis la tendre enfance, il nous raconte comment il a monté sa marque de vélo : Cycles Vène.
Hello Baptiste, est-ce qu’il faut être un bon menuisier pour faire des vélos en bois ?
À la base, je suis plus ingénieur que menuisier. J’ai un diplôme d’ingénieur, mais depuis que je suis tout petit, j’aide mon père à travailler le bois et il m’a appris à utiliser les machines de menuiserie. Par la suite, j’ai continué à travailler le bois de mon côté et j’ai même été employé dans une entreprise spécialisée dans la construction de maisons en bois. Mon parcours est intéressant pour faire de bons vélos dans cette matière, il faut connaître le bois et faire des calculs de résistance, de rigidité.
“Chaque vélo possède son bois de prédilection, mais je me concentre sur ce que m’offre mon environnement”.
Quels défis y a-t-il à utiliser le bois dans ce type de manufacture ?
Le véritable défi avec le bois est d’orienter les fibres. Ce matériau est anisotrope, il n’a pas les mêmes caractéristiques mécaniques dans toutes les directions. Une fois les fibres bien choisies, je conçois le vélo en choisissant la bonne section pour avoir un compromis entre rigidité et souplesse.
Trouvez-vous tous les matériaux qu’il vous faut dans le Vercors ?
Je me suis fixé comme objectif de ne prendre que du bois du Vercors et heureusement, il y a tout. Ce qu’on cherche sur un vélo c’est un matériau rigide et peu dense pour avoir un deux-roues léger à la fin. Il y a trois essences dans le Vercors qui répondent à ces caractéristiques : l’érable sycomore, le frêne et le noyer.
Est ce qu’il faut utiliser des bois spécifiques selon vos modèles ?
À l’heure actuelle, je produis seulement un modèle Gravel avec mes essences. Si on veut faire un VTT, je prendrai un bois où l’on maximise la résistance quitte à perdre quelque peu en souplesse comme le chêne. Chaque vélo possède son bois de prédilection, mais je me concentre sur ce que m’offre mon environnement. Je ne vais pas aller au Brésil pour me fournir en matériaux.
Quelle est la spécificité des cycles Vène, à part le matériau ? La personnalisation ?
Je propose quatre tailles de vélos fixes et un montage à la carte. Je discute avec le client pour lui fournir toutes les pièces dont il a besoin et qui seront parfaitement adaptées à son utilisation et son envie.
Le vélo en bois est-il plus durable que son cousin en métal ?
Plus durable, c’est difficile à dire car mon premier modèle a quatre ans. Nous verrons dans 15 ans… ou avant. Mais le gros avantage du bois, c’est son confort d’utilisation. C’est un matériau viscoélastique qui amorti les vibrations haute fréquence. Sur une route en mauvais état un vélo en bois sera plus confortable qu’un vélo aluminium, une différence de l’ordre de 20%. Au delà du matériau, c’est la conception du cadre qui définira le confort du vélo.
Et cette qualité, cela se ressent sur le prix ?
L’objectif était de sortir un vélo accessible, mais je me suis rendu compte que cela n’allait pas être possible. Un vélo complet avec un équipement moyenne gamme sort de mon atelier entre 2700 et 3000 euros. C’est un investissement, mais si on compare ce prix à ceux d’autres artisans, on reste compétitif.
Précommande sur le site Cycles Vène.