
Parti en 2013 depuis l’Éthiopie, le journaliste américain Paul Salopek s’est engagé dans un périple anthropologique sur les traces de l’Homo Sapiens. Récit d'un voyage dans le temps, 100 000 ans avant Jésus-Christ.
Un voyage qui dure 9 ans. Paul Salopek est un reporter au CV envié par tous ses confrères. Durant sa carrière, il a eu l’occasion et le courage de couvrir les conflits afghan ou irakien et il a traversé le Niger, le Soudan ainsi que d’autres pays pour des revues aussi prestigieuses que le Chicago Tribune ou le magazine National Geographic. Une vie de baroudeur célébrée par deux prix Pulitzer. Pourtant, Paul se lasse de ses aventures survoltées et avec le temps, leur rapidité et leur brièveté le font progressivement réfléchir sur le sens de son métier. Il cherche alors une autre approche pour écrire et en 2013, il crée un projet de « slow journalism ».
À l’ère de l’information et de la rapidité des contenus web, il se lance alors dans un reportage d’une décennie sur le premier chemin de l’Humanité. Si la complexité de notre époque tue selon lui la nuance dans la narration, son voyage « Out of Eden Walk » marche à contre-courant du journalisme actuel et l’engage à rencontrer la population du globe, sans limite de temps et angle défini.

Crédits John Stanmeyer / National Geographic
Paul Salopek sur un bateau le long du Gange sacré à Varanasi (Binaris), en Inde.
Voir le monde à 5 km/h. Parti à 50 ans depuis la Corne de l’Afrique, Paul se déplace au rythme de ses pas sans utiliser de véhicule. Il avance doucement pour pouvoir documenter chacune de ses aventures qu’il vit à vitesse humaine, à environ 5 km/h. Chaque chemin est ainsi l’occasion pour lui de recueillir les histoires des hommes et des femmes qui vivent sur cette route empruntée par nos ancêtres. Neuf ans plus tard, il a déjà quitté l’Afrique pour marcher sur les Terres Saintes du Proche et Moyen-Orient, remonté vers le Caucase et traversé la route de la Soie pour arriver en Chine aujourd’hui.
À son départ, il pensait terminer son périple en 2021, mais en 2022 il n’est même pas à mi-chemin. Lors de ses pérégrinations, il s’est fait rattraper par l’actualité et son travail a été interrompu par les soubresauts de la géopolitique mondiale. Il n’a pas obtenu de visa en Iran et a donc été contraint de remonter vers le Caucase. La crise sanitaire l’ayant stoppé pendant 18 mois, il pense désormais pouvoir rapidement traverser l’Océan Pacifique par bateau et atteindre son objectif en 2027, à 64 ans.
Influenceur au grand coeur. Paul n’est pas un gourou solitaire et sur la route, il cherche avant tout la rencontre des hommes. Tous les soirs, après avoir partagé son repas avec ses compagnons de route, il transmet son travail à son rédacteur en chef via son ordinateur portable. Ainsi, il peut tweeter, poster sur Instagram ou sur Facebook des instants de vie avec les habitants qu’il côtoie. Une manière concrète et solide de connecter le monde réel au monde virtuel.
Découvrez le travail de Paul sur Instagram.
Crédits photo de Une : John Stanmeyer.
Afar, Éthiopie, 2013. Paul Salopek, collaborateur du magazine National Geographic et écrivain, conduit une paire de chameaux dans le désert d’Afar en Éthiopie.