
La question est aussi abrupte que pleine d’éthique. Le MIT vient de lancer une grande étude sur la question en 2016 dont elle révèle les résultats aujourd’hui. Le casse-tête continue…
Voilà le genre de dilemmes vieux comme le monde. Les fameux choix impossibles où il y a un prix à payer quoi qu’il en soit. Tu préfères sauver ta femme ou ton fils ? Tu préfères vivre avec deux bras en mousse ou une armée de canards qui te suit toute la vie ? Bon… Vous voyez l’idée.
Appliquée à la voiture autonome, ce cas de conscience prend une autre tournure, tout aussi drastique. En cas d’accident, doit-elle sacrifier le passager pour sauver plus de piétons, ou doit-elle être fidèle à son propriétaire ? Et dans le cas d’un vieux monsieur passager et d’une jeune fille piétonne, qui faut-il sauver ?
Pour s’attaquer au casse-tête, le MIT a mis au point en 2016 une grande étude publique intitulée « La Machine Morale ». Il était demandé au grand public de se positionner sur des cas de figure éthiques insolubles, en vue de générer des données sur lesquelles les constructeurs automobiles pourront s’appuyer pour faire des choix drastiques.
Première conclusion : les gens préfèrent épargner des humains que des animaux.
Présentés dans la revue Nature, les résultats nous apprennent tout d’abord que le projet a été un succès immense : 40 millions de décisions morales ont été prises par des millions d’internautes partout dans le monde. Parmi les aspects notables, on retiendra que :
1/ Les gens préfèrent épargner des humains que des animaux.
2/ Il faut sauvegarder la vie des enfants en priorité par rapport à celle des adultes.
3/ La voiture devrait toujours privilégier le cas de figure qui fera le moins de victimes.
Tout ça peut paraître logique, mais il en ressort un aspect pas si évident que ça : le propriétaire de la voiture ne sera pas forcément privilégié dans ces différents cas de figure. Autrement dit, on pourra acheter demain une voiture qui pourra sciemment décider de nous sacrifier pour le compte du bien commun.
Des résultats différents en France. Parmi les détails intéressants, l’étude révèle aussi que dans le groupe géographique dont fait partie la France, on a plus tendance qu’ailleurs à sacrifier les vieux plutôt que les jeunes, et que la préférence pour épargner les humains par rapport aux animaux est moins marquée qu’ailleurs dans le monde.
Pour résumer, hier, sur la route, l’importance des facteurs culturels se résumait à conduire à droite ou à gauche, et être plus ou moins machiste au volant. Là, c’est une sacrée pagaille en prévision, avec des facteurs autrement plus complexes et une question en ligne de mire : qui déterminera les facteurs de décision de la voiture, nous ou le constructeur ? Nous n’avons pas fini d’en parler.