
Un magazine américain vient d'élire le Canada « destination de l’année ». Alors oublions Roch Voisine et posons la question : peut-on s'en inspirer pour faire revenir les touristes en France ?
Roi du Nord. Le magazine américain Travel+Leisure fait la pluie et le beau temps sur le tourisme. Les tour-opérateurs suivent ses tendances et guettent ses prévisions. Mais en rendant son verdict sur la destination incontournable de l’année, celui-ci n’a pas surpris autant que d’habitude. En effet, la consécration du Canada tombait sous le sens tant il y a eu des signes avant-coureurs : en 2016, le guide Lonely Planet avait déjà senti le vent tourner et une étude de l’institut Y&R’s BAV and Wharton l’avait placé en mars dernier en tête des «pays avec la meilleure qualité de vie » parmi 80 nations (dont la France sortait 16e).
Voyons maintenant pourquoi le Canada met la France à l’amende !
Repenser la mobilité sur tout le territoire. Couvrir 9 985 millions de km² n’est pas aisé, on s’en doute. Pourtant, Ottawa s’est activée pour que le pays soit plus facilement traversable. Ainsi elle a construit la Dempster Highway, une nouvelle autoroute qui coupe la toundra pour rejoindre la région arctique, et envisage une ligne TGV de 750 kilomètres qui relierait Vancouver à Seattle. Quant à Montréal, elle lance son chantier de métro aérien propre pour relier la côte, l’aéroport et les montagnes.
Priorité à la tech bienveillante. C’est la première destination des studios de jeu vidéo et d’animation, et le pays fait son maximum pour attirer et conserver les sociétés qui développent des intelligences artificielles (notamment utilisées par la gendarmerie royale et les hôpitaux) dont la plus notable est DeepMind, labo de Google qui s’est uni à l’Université d’Alberta et la biotechnologie pour renforcer la santé.
Maintenir des sites naturels d’exception. Si on pense d’abord aux chutes du Niagara, c’est surtout le parc national de Banff et ses lacs glacés qui retiennent l’attention des pros. En tous cas, le pays neigeux s’illustre en offrant en 2017 les frais d’adhésion annuels pour l’accès à ses parcs classés afin de sensibiliser le plus grand nombre à la vie sauvage. Allez payer votre ticket aux jardins de Versailles après ça…
Garantir une qualité de vie hors du commun. Un coût de la vie jugé raisonnable (un studio se loue 350$ par mois) combiné à une égalité des salaires chaque année maintenue (selon le forum économique mondial) laissent penser que chaque Canadien qui travaille et empoche ses revenus peut espérer vivre comme un pape. Ajoutez à cela un système de santé efficace et acclamé durant sa campagne par Bernie Sanders, et une forte création d’emploi, voilà qui donne envie de venir y planter sa tente (canadienne, forcément).
S’engager activement pour le climat. Quand on tient à ses feuilles d’érable, on ne fait pas les choses à moitié. Depuis 2010, le Protocole de Montréal lutte contre les gaz à effets de serre en interdisant l’émission de 135 milliards de tonnes d’un équivalent de dioxyde de carbone. Désormais, la ministre de l’écologie a ratifié un accord (de Kigali) qui engage le pays à réduire sa consommation annuelle des gaz connus pour appauvrir la couche d’ozone de 85% d’ici 2036.