
Un peu partout, les ressourceries poussent comme des champignons pour redonner vie aux objets abandonnés ou usagés. Antoine Schmitt, cofondateur de La Bricolette à Paris, veut aller plus loin en couplant son projet avec un atelier de fabrication ouvert à tous. Explications.
Dans le cadre de sa feuille de route écologique, la maire parisienne Anne Hidalgo a fait vœux d’ouvrir une ressourcerie par arrondissement et de multiplier les “makerspaces”, ces ateliers de fabrication ouverts au grand public pour produire des objets à petite échelle.
Lauréate du budget participatif 2016, La Bricolette d’Antoine Schmitt et de sa comparse Alice Milon a été choisie pour ouvrir bientôt dans le dixième arrondissement. Un projet né dans la tête de ce trentenaire mobile et bien décidé, après une décennie à travailler dans la publicité en ligne, à se tourner vers une activité plus éthique et responsable. Ainsi est née la Bricolette, première ressourcerie à aussi être un makerspace, et qui se veut autant un lieu d’action que de réflexion dans la ville. Entretien, au cours duquel il est question de sensibilisation à l’environnement, d’écologie, de bidouille mais aussi , bien sûr, de convivialité.
Le principe de votre ressourcerie, c’est quoi ?
C’est une ressourcerie expérimentale couplée à un makerspace. On accueille tous types d’objets, en bon état, cassés à réparer, etc. Avec le makerspace, on assure le recyclage tout en éduquant à l’environnement et au développement durable. Il y aura une “bricothèque” autonome avec des outils à disposition de tout le monde. On mise beaucoup sur le lien social : les gens pourront se rencontrer autour d’un café ou d’un repas. On est cinq à travailler sur ce projet social et économique à plein temps. La partie ressourcerie s’appelle “La Bricolette” et la partie makerspace “Le Scolopendre”.
Comment vont se manifester les passerelles entre la ressourcerie et le makerspace justement ?
Aujourd’hui, les ressourceries recréen d’autres déchets et les envoient vers des industriels du recyclage. Avec le makerspace, on se réapproprie ce recyclage, localement, artisanalement, avec des technologies low tech. Ainsi, on fabrique nos propres machines.
“On veut aller à contre-courant des makerspaces où, pour utiliser une machine, il faut une formation.”
Votre projet entend agir au niveau social tout en étant un acteur de la ville. Comment ça se passe ?
C’est là tout l’intérêt de coupler ressourcerie et makespace. Les makerspaces sont souvent restreints et fréquentés par des passionnés de technologie, des architectes ou des designers. Les ressourceries à l’inverse, sont souvent destinés à des gens dans une précarité sociale. Nous, on veut profiter des deux publics, favoriser les échanges et créer un lieu ouvert et accessible à tous. On veut aller à contre-courant des makerspace où, pour utiliser une machine, il faut une formation. On veut mettre tous les outils à disposition, que chacun puisse prendre l’initiative. Il y aura des ateliers de démonstration, mais La Bricolette sera aussi ouverte pour venir y faire vivre un projet.
L’ouverture du lieu est prévue quand ?
D’ici le milieu de l’année, on espère. Aujourd’hui, on recherche un local. On voudrait un lieu assez grand pour accueillir toutes nos activités, mais c’est cher. Comme on a été lauréat du budget participatif, on discute avec la mairie pour trouver cet endroit à moyen terme. En attendant, nos bureaux sont dans le centre d’hébergement “Aurore”, boulevard de Magenta à Paris. On mène nos petites expériences et on tente de faire des choses hors les murs, pour s’approprier aussi le quartier, notamment en réalisant des événements solidaires.
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Pour trouver une ressourcerie près de chez vous, partout en France : ressourcerie.fr