
Alors que le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume est en faveur d’une tolérance zéro, contre 0,5 g/l autorisé par la loi, des voix s’élèvent pour dire qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.
Une vraie question. Depuis 1970, date à laquelle les contrôles d’alcoolémie deviennent obligatoires après une infraction ou un accident, le taux toléré d’alcool dans le sang n’a cessé de baisser, passant de 1,2 g/l de sang (plus de six verres de vin) il y a 50 ans à 0,5 g/l aujourd’hui. Mais pour Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, interrogé sur RTL, « lorsqu’on conduit, on ne doit pas boire ». Dans un pays comme la France où l’alcool, notamment le vin ou le cognac, fait partie de la culture et de la gastronomie, la mesure est-elle envisageable ? Surtout, est-elle pertinente pour faire baisser les chiffres de la mortalité routière, puisque l’alcool est responsable de 30% des accidents ?
Regarder ailleurs. Pour se faire une idée, il est intéressant d’observer ce qui se passe ailleurs, chez nos voisins européens. Certains pays comme l’Ukraine, la Slovaquie ou encore l’Albanie appliquent le taux zéro. Et pourtant, cette étude publiée dans le Transportation Research remarque une forte présence de l’alcool dans les accidents mortels dans les pays de l’Est. Au contraire, le Royaume-Uni a une limite plus haute (0,8g/l), mais une mortalité très faible. Le fait d’abaisser à zéro n’est pas forcément synonyme de meilleurs résultats. Des éthylotests anti-démarrage pour éviter la récidive seraient, par exemple, une meilleure solution.
Coucou Sam. Maître Jehanne Collard, qui défend des familles de victimes d’accidents de la route, est contre la tolérance zéro. Interrogée dans l’émission Quotidien, elle certifie que les personnes qui auraient tendance à s’arrêter de boire à cause de la limite consommeraient plus d’alcool sans celle-ci. Quitte à être au-dessus de la limite, autant boire un, deux ou trois verres de plus. « Ça va, à mon sens, augmenter le nombre d’accidents sur les routes », affirme l’avocate. Ce qui marche et continue de dissuader les automobilistes reste les campagnes de prévention, souvent chocs ou bien pensées, afin de marquer les esprits. Tout le monde se souvient de Sam, non ?