Sur écoute. Imaginez que quelqu’un s’amuse à décortiquer votre ticket de caisse après de grosses courses au supermarché. Les achats d’une flûte en plastique, d’un bâton de colle, de ciseaux, d’un pack de feuilles A4 à grands carreaux et d’un stylo à plume trahiront probablement la présence d’un ado à la maison. De la même façon, des couches et du lait maternel tendront à indiquer l’arrivée récente d’un nourrisson dans la famille.

Pour peu que vous possédiez une carte de fidélité, il est fort probable que ces indices n’auront pas échappé aux patrons de supermarchés. Et si le supermarché en question marchande à son tour vos données en les revendant à une centrale de gestion de data, rien n’empêche qu’un tiers s’en serve ensuite dans la foulée pour vous suggérer en ligne, cette fois, d’acheter les dernières Nike à la mode pour votre ado.

Big problème. Depuis le temps qu’on en parle, cette réalité ne devrait plus vous étonner. Nous sommes entrés dans l’ère du Big Data. Cette mine de données personnelles, vous vous en doutez, est extrêmement convoitée par les publicitaires. Aujourd’hui, si vous possédez un compte ou des produits Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, vous pouvez être certain d’une chose : vous êtes déjà un poisson coincé dans les mailles du filet. C’est simple, en France, les GAFAM (comme on les appelle) trustent 70% de ce marché. Pour tenter d’endiguer un peu cette mainmise, Casino (tiens donc, un supermarché) vient lui aussi de lancer sa centrale de récolte de données.

Les objets “connectés” pourraient bien être votre nouvel ennemi.

Or, la notion de données personnelles est large. On a tendance à l’associer à la requête classique sur Google ou Amazon. Pourtant, elle dépasse le cadre des simples recherches en ligne ou des fameuses courses au supermarché. Car aujourd’hui, lorsque votre iPhone calcule votre nombre de pas journaliers, que votre application de running calcule votre progression ou que votre bracelet connecté surveille votre sommeil ou votre pression artérielle, ce sont là encore autant de data vous concernant qui sont compulsées et soigneusement gardées.

Mouchard. Si ce business fait évidemment le bonheur des annonceurs, il est carrément en train de modifier le métier de certains secteurs. C’est par exemple le cas des assureurs. En 2016, AXA Hong-Kong a par exemple mis en place un chatbot surnommé Alex qui sert de coach individuel aux assurés en leur donnant des conseils de santé, sur la base des données recueillies. Le principe d’Alex est basique : vous aider sur un plan bien-être. Vous avez mal dormi, on vous propose une tisane. Votre nombre de pas journaliers était particulièrement bas cette semaine, Alex vous le fait remarquer et vous incite à aller bouger un peu. Rien de révolutionnaire, mais c’est le principe de la petite béquille du quotidien. Et si les assureurs jouent pour le moment la carte du bien-être, c’est qu’ils ont bien conscience que lorsqu’il s’agit de données intimes et personnelles, la pilule a encore beaucoup de mal à passer auprès des consommateurs.

Mine de rien, sans même communiquer votre pression artérielle, vos recherches en ligne ou votre Apple Watch pourraient bien vous trahir à terme… Et par exemple entraîner une augmentation de votre assurance annuelle. Sommes-nous tous déjà espionnés ? On n’y est certes pas encore, mais on n’en est pas très loin non plus.

Toutes les infos sur Snowden, diffusé dès le 21 novembre sur Canal Plus : http://www.canalplus.fr/cinema/pid3560-bandes-annonces.html?vid=1466268