
Si l’on pose la question, c’est parce qu’un mouvement citoyen a récolté 50 333 signatures en faveur de l’interdiction des voitures en centre-ville, dans une zone de 88 kilomètres carrés. Selon la loi du pays, le Sénat de Berlin est obligé d’étudier cette proposition mais.... n’aurait pas l’intention de l’accepter.
Bye Bye la voiture ? Le 16 janvier, David Belliard, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des transports à Paris, annonce sur Twitter que Berlin « va créer une zone sans voiture plus grande que Manhattan ». L’homme politique cite un article du média Fast Company concernant une initiative citoyenne baptisée « Volksentscheid Berlin Autofrei » (littéralement « La décision du peuple pour un Berlin sans voiture ») qui a récolté 50 333 signatures en faveur d’un projet : celui d’interdire, dans une zone définie de 88 kilomètres carrés en centre-ville, la voiture individuelle. Il s’agit d’une zone encerclée par la « S-Bahn ring », une ceinture ferroviaire formant une boucle.
✅Berlin va créer une zone sans voiture plus grande que Manhattan.
✅Milan a voté un plan vélo de 200m de livres
✅Les Pays-Bas investissent 595m d'€ tous les ans pour le cyclisme urbain
Les villes sont fragiles face aux dérèglements climatiques. Partout, elles se transforment. https://t.co/Hc1omJm4px— David Belliard (@David_Belliard) January 16, 2022
12 fois par an. Pour le mouvement, à l’intérieur de cet espace, seulement les véhicules prioritaires (taxis, ambulances, bus, voitures de police, véhicules de livraison, camions poubelles, etc.) seraient autorisés à circuler. Les personnes à mobilité réduite ayant besoin d’une voiture pourraient également se déplacer librement. Concernant les citadins par contre, ils ne pourraient utiliser leur voiture que 12 fois par an, par exemple déménager ou pour une urgence. « Nous voulons que les gens puissent dormir avec leurs fenêtres ouvertes, et que les enfants puissent à nouveau jouer dans la rue. Et les grands-parents doivent pouvoir faire du vélo en toute sécurité et disposer de nombreux bancs pour prendre des pauses », raconte l’un des membres du mouvement, Nina Noblé, au Guardian. Et pour que les Berlinois vivent dans cet environnement calme et paisible, il faut évidemment supprimer la (majorité) des voitures.
Leur projet concerne aussi les véhicules électriques. Pourquoi ? Car « il faudrait qu’environ la moitié des voitures deviennent électriques l’année prochaine pour atteindre les objectifs du gouvernement fédéral en matière d’émissions liées au transport, explique Nik Kaester, membre du mouvement, au Guardian. Il est clair que cela ne se produira pas – actuellement, seulement 1,3 % des véhicules en Allemagne sont électriques. La seule solution est donc de réduire le nombre de véhicules, et pas seulement de changer notre façon de conduire. » Mais ce projet initié par des citoyens va-t-il devenir une réalité, comme l’a affirmé David Belliard ? À priori, non.
🎉Geschafft!🎉
Wir haben dem Senat 50333 Unterschriften übergeben. Damit ist das Volksbegehren eingeleitet!
In der Hälfte der Zeit haben mehr als doppelt so viele Berliner*innen wie nötig unterschrieben für mehr Lebensqualität, Platz, Sicherheit, ein gesünderes Leben&Klimaschutz. pic.twitter.com/eyIQeK2VYD— Volksentscheid Berlin autofrei (@VBerlinautofrei) August 5, 2021
Vote et référendum. Le mouvement a récolté assez de signatures valides (27 000 sur les 50 333) pour que le Sénat de Berlin soit dans l’obligation d’étudier cette proposition, de l’examiner et de la soumettre aux élus. Il a jusqu’à février pour le faire. Ceci étant dit, les députés de la ville ne sont pas obligés de l’accepter, et devraient visiblement rejeter cette proposition. S’ils refusent, alors une deuxième étape se mettra en place. Comme l’indique cet article, le mouvement pourra ensuite refaire une pétition pour essayer d’obtenir 175 000 signatures valides. Ce seuil leur permettra d’organiser un référendum, c’est-à-dire un vote des habitants de Berlin, qui pourrait avoir lieu en 2023.
Donc non, Berlin ne va pas « créer une zone sans voiture plus grande que Manhattan ». Mais une initiative allant dans ce sens est en marche, et pourrait finir par faire bouger les lignes dans la plus grande ville d’Allemagne. Affaire à suivre, donc.