
Affiches parodiques sur les murs et hashtag sur les réseaux... des militantes féministes dénoncent l’inaction de la RATP envers le harcèlement sexuel que subissent ses passagères toute l'année.
Anecdote tristement banale. Mercredi dernier Anaïs Leleux est victime d’un malotru qui vient se coller à elle dans une rame avant de la suivre dans les couloirs du métro. Elle appelle à l’aide sur une borne mais n’obtient aucune réponse. Interpellant la RATP, on lui conseille de porter plainte mais elle voudrait que la régie se mobilise pour empêcher ces agressions au lieu de les reporter après coup. Lassée des mains aux fesses comme du laisser-aller, cette militante du collectif Nous Toutes n’en reste pas là…
Rejointe par le collectif Les effrontées, elles agissent sur tous les fronts. Dans les stations de la ligne 8, elles collent des affiches détournant sans concessions les noms de stations de métro. Éloignez les enfants en passant devant « Bienvenue à Pervers Lachaise ». Quelques jours plus tard, elles taguent les rues pour attirer l’attention des passants et mobiliser les esprits. Enfin, sur les réseaux sociaux, elles lancent le hashtag #BalanceTonMetro pour inciter chacune à raconter quand et comment elle a été agressée afin de faire réagir la RATP. Et à l’instar de #BalanceTonPorc, les récits ne manquent pas et pleuvent. Car ce fait divers est tristement banal…
Marre d'être harcelées, agressées sur les lignes de la @ClientsRATP ? Racontez-nous pourquoi vous vous sentez en insécurité dans le métro de #Paris
#BalanceTonPorcRoyal #BalanceTonMetro pic.twitter.com/wSye1lGsmj— Les effronté·es (@efFRONTees) April 24, 2019
Chaque année près de 450 femmes portent plainte pour agression sexuelle dans le métro, selon la base de données Giros. Mais en 2015, 100% des interrogées du HCE déclaraient avoir déjà subi un harcèlement dans les transports. Plus récemment, l’INED livrait les conclusions d’une enquête publique où il apparaissait que 43% des violences à l’encontre des femmes se déroulaient avant tout dans les transports d’Île-de-France. Quand est-ce qu’on tire la sonnette d’alarme ?
La RATP se défend en rappelant que ses 5300 agents sont formés à ce genre de situations et que 1000 agents de plus protègent les usagers. Les couloirs sont équipés de 50 000 caméras dont les images peuvent être demandées dès qu’il y a eu dépôt de plainte – ce qui hélas prend beaucoup de temps aux usagères. Enfin, la RATP a mis en place un numéro d’urgence (3117 ou 31177 par SMS). Mais comme le déplore Anaïs Leleux dans 20 Minutes : « Vous pouvez [aussi] l’appeler pour le vol de votre sac à main, donc à l’autre bout du fil il n’y a pas d’agents formés spécifiquement sur ces questions. » Quant aux agents, ils sont plus là pour contrôler les billets que protéger les usagers et sortir les « frotteurs ».
C’est pourquoi Anaïs Leleux prépare une action en justice contre le métro parisien. « En tant que transporteur, la RATP doit garantir ma sécurité, ils ont une obligation de résultat. Il y a ce contrat entre nous à partir du moment où j’achète mon titre de transport. » Attention, cela va pincer très fort.
Crédit photo de une : Les Inrocks