
Puisque le problème est structurel – le pétrole devient rare – et que les prix à la pompe n'ont jamais été aussi hauts, toute aide semble condamnée à devoir être répétée chaque année. Or le budget l’État ne peut simplement pas se le permettre.
Bientôt 2 € ? C’est un serpent de mer qui refuse de se noyer. A chaque montée du prix de l’essence, on évoque l’option pour le gouvernement d’abandonner une part des taxes qu’il fait peser sur le prix (près de 56 % de du prix du gazole). Et comme le prix à la pompe bat des records depuis janvier 2022 – le gazole est à 1,68 € en moyenne et le Sans Plomb 95 à 1,74 € – les regards se tournent vers l’exécutif pour aider les Français à tenir bon.
Questionné par BFMTV sur les pistes d’aides que pourrait apporter le gouvernement, le ministre de l’Économie s’est voulu rassurant… mais pas trop.
Quelle hypocrisie ! Prétendre que baisser les taxes sur les carburants représentait un manque à gagner pour l’État, alors qu'il a engrangé + de 4,5 milliards d’€ supplémentaires au dernier trimestre 2021 par rapport à 2019… grâce à l’augmentation des prix des carburants ! 🙄 https://t.co/n2u0pbyjmD
— 40 millions d'automobilistes (@40MA) January 20, 2022
Taxes chéries. Bruno Le Maire a effectivement laissé entendre que tout était possible mais a surtout rappelé que le chèque énergie (100 € versés à 6 millions de ménages) et l’indemnité inflation de 100 € (38 millions de bénéficiaires) avaient déjà coûté cher. Alors, abaisser la TVA sur l’essence de 20 % à 5,5 % comme le réclame par exemple 40 Millions d’Automobilistes, ce n’est pas imaginable.
“10 centimes d’euros de moins le litre, sur un plein de 50 litres, c’est 5 euros en moins.” (Bruno Le Maire)
Certes, « 10 centimes d’euros de moins le litre, sur un plein de 50 litres, c’est 5 euros en moins » à payer à la pompe, calcule-t-il, mais cela représente aussi un manque à gagner de 5 milliards pour l’État selon lui. Une perte impossible à compenser alors même que le gouvernement a déjà englouti beaucoup dans les dernières mesures de soutien aux entreprises comme aux ménages. Mais au fond, est-ce la seule raison pour refuser d’abandonner les taxes ?
Indemnité inflation, chèque énergie, blocage de la hausse des prix de l’électricité, gel du prix du gaz : aucun autre gouvernement européen n'a fait autant que nous pour protéger les Français contre la hausse des prix de l’énergie. pic.twitter.com/JhCaivQAIn
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) January 19, 2022
Cher un jour, cher toujours. D’abord, l’augmentation des prix des carburants va durer. Elle découle, d’après le think tank écolo Shift Project, du fait que nous achetions majoritairement notre pétrole à des pays dont les ressources s’épuisent. Extraire est plus cher que jamais et la perspective d’une bascule d’un modèle centré sur le pétrole à un nouveau plus électrique incite les producteurs d’or noir à vouloir encaisser leurs profits maintenant, car demain est incertain. Ajoutez que, payer moins cher notre essence en faisant régler l’ardoise par l’État (donc les impôts) ne va pas nous aider à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Seule option selon le think tank, stopper notre dépendance en basculant sur d’autres énergies. Sauf qu’on imagine mal le gouvernement vouloir courir le risque de voir les Gilets jaunes ressortir les pancartes à moins de trois mois des élections. Alors, quelle piste ? Invité vendredi, chez Public Sénat cette fois, Bruno Le Maire a déclaré envisager d’ “offrir la possibilité de déduire son forfait kilométrique de ses impôts”. Ceux qui aiment la paperasse vont adorer…