
En Allemagne, Corée du Sud ou États-Unis, c'est la dernière sortie possible : se faire une toile sans avoir le moindre contact avec quiconque dans l’habitacle douillet de sa voiture. Bienvenue dans cet ultime cinéma à 4 roues.
Tchi-tcha ! On entendrait presque la voix d’Eddy Mitchell chanter La dernière séance en voyant ces voitures qui s’insèrent sur un parking, face à un écran gonflable de 100 m². Sans ouvrir la fenêtre, on présente son billet, acheté en ligne une quinzaine d’euros, que l’ouvreuse vient scanner. Le film n’est pas une vieille rediffusion mais une sortie récente qui n’a pas trouvé de salle où être projetée, et tout le monde repart content de sa soirée, sans masque ni gants pour tenir son volant.
La scène pourrait venir d’Amérique, terre native du drive-in où cette pratique continue encore ces jours-ci malgré le confinement. On y compte 305 drive-in dont la fréquentation a explosé ces dernières semaines. Mais la description ci-dessus est rapportée d’Allemagne. À Offenbourg, une trentaine de kilomètres derrière la frontière française, les cinés sont fermés comme chez nous. Alors cette solution temporaire, généralement utilisée durant les festivals estivaux, trouve une nouvelle mission : sauver le cinéma et les spectateurs.
Clap de fin. Selon le sondage mené par Vertigo Research fin mars, c’est ce qui manque le plus à la moité des Français : si 79% d’entre eux rêvent de se faire un bistrot ou d’un resto, 52% attendent le déconfinement pour « aller voir un film au cinéma ». Pas si étonnant : l’année 2019 était un record ultime en terme de fréquentation avec 213,3 millions d’entrées. Forcément, cette année c’est la douche froide et le cinéma pourrait bien ne pas se remettre de cette méga-grippe.
Film catastrophe. L’interdiction de sortir et de se rassembler a très rapidement tordu le cou des salles de cinéma. Avant le confinement, la fréquentation des salles obscures avait chuté de 20% – par anxiété, puis par anticipation – mais depuis les grands multiplexes accusent le coup tandis que les plus petites salles envisagent la faillite.
Retrouvez la liste des films ayant bénéficié, à titre exceptionnel, d’une réduction du délai d'exploitation en salle, pour une diffusion en vidéo à la demande à l’acte ou pour une exploitation sur support vidéographique ➡️ https://t.co/Uvkt928Y65 pic.twitter.com/kPtwlrjcfn
— Ministère de la Culture (@MinistereCC) April 9, 2020
Le CNC, l’administration en charge du secteur, propose de repousser les cotisations payées par les exploitants de salles et débloquer 16,5 millions d’euros pour sauver les salles classées Art & Essai. « L’exception française » a aussi immédiatement autorisé une exceptionnelle sortie en DVD et VOD de certains films ne pouvant être distribués en salle, alors qu’il faut attendre quatre mois habituellement. À défaut de sauver les salles, la généralisation du cinéma en drive-in pourrait maintenir à flot comédiens, producteurs et distributeurs et conserver le lien entre les Français et le grand écran durant ce long entracte.