
D’après une étude, à Paris cela ne changerait rien pour les bus et cela limiterait les bouchons des automobilistes.
Electro is go. C’est le bureau d’études spécialisé en mobilité 6t qui s’est penché sur cette surprenante question. L’objectif de leurs recherches était précisément de constater si l’introduction des deux-roues motorisés sur les voies réservées aux bus compliquerait la circulation pour ces transports en commun. Après tout, plusieurs grandes villes en Europe l’ont déjà expérimenté, à commencer par Londres mais aussi Madrid, Viennes et même Oslo. Alors pourquoi pas Paris ?
Leur conclusion est claire : si on ne laisse entrer que les scooters électriques, cela « ne gênerait pas de façon significative la circulation des bus dans la capitale ». Cela ferait de la place pour les automobilistes dont les voies de circulations sont de moins en moins nombreuses, réduisant leurs émissions de CO2 en gagnant en fluidité.
Remplir les couloirs pour vider les boulevards. Les ingénieurs se sont basés sur les données GPS des scooters électriques partagés du loueur Cityscoot. À l’heure actuelle, en semaine, les couloirs réservés aux bus sont saturés 34,6% du temps. En y ajoutant les scooters zéro émission, cette congestion passerait à… 35,5%. Autant dire : peanuts. Mieux, ouvrir ces voies le samedi n’aurait absolument aucune incidence pour les conducteurs de bus et ferait monter la saturation de seulement 0,2 points le dimanche.
Avant que les motards ne se frottent les gants, seuls les électriques sont concernés : en ouvrant les couloirs à tous les deux-roues motorisés, le taux de saturation dépasserait 51%.
Ravi, le président de Cityscoot, Bertrand Fleurose, qui a commandité cette enquête, invite le prochain maire de Paris à lancer « une expérimentation, dès le printemps ». Selon lui, cela pourrait « inciter les gens à basculer d’un scooter thermique à un scooter électrique ». Sauf que les cyclistes utilisent déjà régulièrement ces couloirs comme alternative aux pistes cyclables. Selon l’association Paris en Selle, « ouvrir les couloirs de bus […] à des deux-roues motorisés (même électriques), c’est renforcer l’insécurité des cyclistes et augmenter le nombre d’accidents ». Hélas, le passé ne leur donne pas tort : une expérimentation équivalente menée à Genève a vu grandir le nombre d’excès de vitesse et une dégradation de la sécurité des cyclistes. À croire que ces couloirs providentiels se terminent en impasse…
Autant être clair tout de suite : ouvrir les couloirs de bus, déjà pas très sécurisant pour les cyclistes, à des 2-roues motorisés (même électriques), c’est renforcer l’insécurité des cyclistes et augmenter le nombre d’accidents. https://t.co/1Bofw3SROM
— Paris en Selle (@ParisEnSelle) February 24, 2020
Crédit photo : AFP / JA