
L’automobile a énormément progressé depuis son invention et c’est toujours mieux. Mais une part de nous regrette la bagnole à papa, moins sûre mais plus sensuelle à conduire. Pas vous ?
Qui se rappelle d’avant la conduite assistée, ou des voyages sans autoradio ni GPS par exemple ? Côté sécurité, on pense évidemment à la ceinture (connaissez-vous d’ailleurs son inventeur ?), mais le progrès d’hier, c’était aussi les freins ABS et l’airbag… Aujourd’hui, les voitures s’électrisent, se numérisent et certains équipements devenus inutiles vont disparaître. Voici ceux que tout véritable passionné d’automobiles regrette déjà.
Les phares divas : longtemps, les phares ont eu droit à un traitement de faveur chez les designers avec des petites options excitantes. Souvenez-vous des minis essuie-glaces ou des phares qui se rangeaient pour laisser une ligne impeccable en journée et sortaient tels des griffes de chat quand on avait besoin d’eux. Escamotables, ils étaient coûteux à l’entretien (un fusible lâche et vous voilà bloqué dans une position) et dangereux en cas d’accident, tout particulièrement lors des collisions avec des piétons. Tout cela a disparu avec le terme même de phare, remplacé par les splendides projecteurs. Mais tout de même, quelle classe.
Une vraie clé à tourner : la centralisation qui claque, le neiman qui se relâche… Ça sonnait comme un générique de série. On ne parle pas d’un boîtier télécommande, mais bien d’une clé plate à glisser dans sa serrure et sous le volant. Parce qu’elles pouvaient casser durant la manipulation, elles ont été remplacées par des cartes magnétiques, voire une simple appli. Mais un smartphone donne l’impression de lancer un programme, sûrement pas de démarrer un voyage dépaysant. Seule consolation, la fin des rayures sur votre carrosserie.
Les pare-brises panoramiques : il y a 10 ans encore, on était avachis dans des fauteuils en mousse de canapé recouverte d’un revêtement pelucheux synthétique, et face à nos yeux s’ouvraient en grand la route… en très grand. Aujourd’hui, les pare-brises sont réduits entre des montants toujours plus épais et le paysage semble si lointain que les constructeurs ont approché le conducteur, le nez au-dessus de la calandre. Au moins en cas de collision, vous ne craignez plus le verre brisé. Mais si vous voulez savoir ce qui se passe autour de vous, vous devez regarder écrans tactiles et voyants, et cela veut dire quitter la route des yeux. Adieu visibilité, bonjour capteurs.
Le frein à main en levier : celui qui n’a jamais tiré des freins à main sur un terrain couvert de graviers n’aime pas vraiment conduire. Remplacés depuis une décennie sur les berlines classes par des freins à main électriques, les antiques leviers vont disparaître avec l’ère des voitures électriques à boîtes automatiques. Un gain de place dans l’habitacle et de sécurité puisqu’ils s’ajustent souvent à la pente. Mais les freins à levier pouvaient servir en cas d’urgence ou de plaquettes de frein pourries. Notons qu’ils ont permis à beaucoup d’appréhender les joies du démarrage en côte… Frissons.
L’autoradio à papa : sans retourner jusqu’au lecteur de cassette auto-reverse qui avale les bandes, on voit disparaître les lecteurs CD, où l’on glissait nos albums achetés avant 2010. Comme la radio se mettait à hurler dès qu’on démarrait la voiture, vous enfonciez dans le mange-disque le même album, réécouté pour la huitième fois. Le petit plus, c’était la façade amovible, fier trophée anti-cambrioleurs qui tenait dans une poche de jeans. Toute une époque. Avec le streaming, votre autoradio est impossible à voler, mais il vous faut d’abord expliquer à une appli ce que vous voulez écouter ou non.
Levier de vitesse bizarre : une commande directement sous le volant, un levier dressé comme un sceptre, un carré et très bas, un tordu pour mieux attraper la 5e vitesse… Il y a toujours eu plusieurs sortes de leviers de vitesse, chacun adapté au constructeur. Ils définissaient un style de conduite (nerveux pour les boîtes séquentielles, à la glisse pour les pommeaux ronds façon rallye) et une origine. Vous saviez en tâtonnant sous le volant que vous rouliez sur une américaine et en enfonçant votre levier de vitesse pour accéder à la marche arrière, que vous étiez dans une allemande. Les motorisations électriques uniformisent tout avec leurs boîtes automatiques, alors les rois de la route se sentent dépossédés de leur sceptre.
Autant de vestiges d’une époque où conduire de nuit sur une nationale vous donnait les sensations d’un pilote faisant Le Mans. Mais si aujourd’hui vous ressentez l’ennui d’un capitaine de croisière Costa, rappelez-vous que toutes ces améliorations ont participé à diviser par 5 la mortalité en voiture entre 1972 et 2018. Demain, vous pourrez regarder Le Mans 66 dans votre voiture autonome.