
Le motif de la discorde ? Un projet de loi visant à faire passer le prix du ticket à 1,04 € aux heures de pointe. Mais pour les Chiliens, la pilule ne passe pas.
« Nous sommes en guerre. » Non, on ne doit pas cette phrase alarmiste à Pinochet (au pouvoir de 1973 à 1990), mais au président chilien actuel, Sebastian Piñera. Depuis le vendredi 18 octobre, son pays est en feu, littéralement, pris d’assaut par des manifestants de tous bords ulcérés par la dernière mesure en date, à priori inoffensive : l’augmentation du prix du ticket de métro.
La révolte pour un ticket à 1,04 €. Si 9000 soldats ont investi ces derniers jours la capitale Santiago, où a même été instauré un couvre-feu, c’est parce que le gouvernement a eu la (mauvaise) idée de passer le prix du ticket à 830 pesos (soit 1,04 €) aux heures de pointe ; tout cela après une première augmentation de 20 pesos en janvier dernier. Révolution futile, se dit-on avec nos points de vue d’Européens, sauf que pas vraiment : les inégalités de revenus au Chili sont supérieures de plus de 65% à la moyenne de l’OCDE et 1% des Chiliens possède 25% des richesses du pays. En comparaison avec la France, un Chilien sur deux gagne moins de 480 euros par mois. Autant dire que le droit d’accès aux transports publics est selon les manifestants complètement bafoués, certains estimant qu’ils ne sont plus en mesure de s’offrir ce sésame qui leur permet quotidiennement d’aller travailler.
https://twitter.com/AnonymeCitoyen/status/1186327397072805888
Gilets vraiment jaunes. Évidemment, ces débordements gigantesques rappellent le mouvement des gilets jaunes, en France, mais en plus radical. À ce jour, les émeutes ont fait 11 morts. Ledit mouvement est né sur les réseaux sociaux, sous l’impulsion des jeunes générations refusant le prétexte invoqué par le gouvernement (une hausse du prix de l’énergie). Conséquence de quoi, la mesure a été rapidement retirée par le président Piñera, sans pour autant calmer la population qui peine à boucler ses fins de mois.
À titre informatif, Santiago abrite 25% de la population chilienne qui utilise massivement les transports en commun afin de fluidifier un trafic routier sur-pollué et complètement congestionné. À l’heure où est écrit cet article, les métros de Santiago n’avaient toujours pas été ré-ouverts. Et l’on peut encore une fois conclure que la mobilité est aujourd’hui au centre de toutes les crispations sociales, en France comme en Amérique du Sud.