
Bien construire peut être le premier pas pour se reconstruire. Ce principe de résilience, deux designers l’ont mis en application avec des maisons-fermes dans un village chinois touché par plusieurs événements traumatiques.
Reconstruire la vie. Ces dix dernières années, la province du Sichuan, au sud de la Chine, n’a pas été épargnée par les catastrophes naturelles : après un violent tremblement de terre en 2008, cette région a essuyé des inondations ravageuses en 2011. Près de sept ans plus tard, l’heure est encore à la reconstruction. C’est dire l’étendue des dégâts.
Dans ce type de panorama douloureux, l’architecture peut être un moyen de résilience, c’est-à-dire de surmonter l’épisode et de se projeter en avant. Depuis des années, c’est l’un des leitmotiv de Joshua Bolchover et John Lin, deux designers qui ont ancré leur travail autour du principe de ruralité urbaine et de reconstruction post-catastrophes.
La ville à la campagne. À travers leur ONG Rural Urban Framework et avec des aides du gouvernement local, les deux architectes ont jeté leur dévolu sur Jintai, un village quasiment réduit à néant. Là-bas, Joshua et John ont reconstruit des maisons qui embarquent sur leur toit ce que l’on a l’habitude de qualifier de « fermes urbaines », même si le terme paraît un peu galvaudé ici au regard de l’environnement naturel de Jintai. Et pour parer à l’espace constructible très réduit, les architectes ont privilégié des maisons collées les unes avec les autres, jouant la carte de l’habitat urbain.
La Terre comme voisin. Selon les choix des habitants de ces 22 maisons, il est possible de faire pousser des légumes, mais aussi d’accueillir des porcs ou des poules. Ces bâtisses poursuivent évidemment un dessein écologique. Les eaux de pluie sont récupérées et la lumière naturelle est privilégiée à fond. Jintai fait ainsi office de porte-étendard de la modernité rurale. En célébrant une organisation spatiale optimale, qui tend vers un accord parfait entre l’homme et son environnement, ce petit coin du Sichuan arbore de airs de village témoin dans un pays qui développe un plan gigantesque pour urbaniser le quotidien de 700 millions de citoyens ruraux d’ici 2030.