L’inégalité homme-femme est un dossier épais. Et s’il y a des thématiques qui reviennent souvent en haut de la pile, comme les écarts de salaire, les postes occupés ou encore la charge mentale, très peu d’études se concentrent sur les inégalités au volant. Et encore moins sur les risques de rester piégé.e dans une voiture après un accident de la route.

Y a-t-il une différence sur ce point précis selon son sexe ? D’après des chercheurs de l’Université de Plymouth dans le sud de l’Angleterre, la réponse est oui. Car selon leur étude, qui se base sur les données de 70 027 patients admis dans les principaux centres et unités de traumatologie du Royaume-Uni entre 2012 et 2019, 15,8 % des femmes sont restées coincées dans l’habitacle après un accident, contre seulement 9,4 % des hommes. Et voici les explications à ces résultats.

Women almost twice as likely to be trapped in crashed vehicle, study finds https://t.co/U39iucroO0

— The Guardian (@guardian) May 17, 2022

Des mannequins trop masculins. D’après les chercheurs, les femmes souffrent davantage de blessures à la hanche et à la colonne vertébrale lorsqu’elles sont impliquées dans un accident de voiture, tandis que les hommes subissent davantage de blessures à la tête, au visage ou au thorax. Et avec une potentielle blessure au niveau du bassin, la difficulté pour sortir d’une voiture est fatalement plus élevée, et peut expliquer le fait que les femmes restent plus souvent prisonnières dans l’habitacle que les hommes.

Maintenant, pourquoi ces différentes de blessures existent ? Elles seraient dues à la manière dont les tests de sécurité sont réalisés. En effet, selon l’étude, les mannequins utilisés lors des crash-tests reprennent la taille et la morphologie du corps des hommes, et ne prennent pas en considération la morphologie des conductrices et des passagères. « Nous savons que le bassin des femmes, même en tenant compte de la taille et du poids, est beaucoup plus large que celui des hommes, de sorte que les mannequins utilisés pour simuler les accidents ressemblent davantage à une fillette de 12 ans qu’à une femme adulte », explique au Guardian Lauren Weekes, anesthésiste et consultante à l’hôpital universitaire de Plymouth, qui a également participé à l’étude. Puisque les fabricants n’utilisent généralement pas de mannequins de tailles différentes, difficile de récolter des données plus représentatives, et donc d’améliorer la sécurité pour tous.

Les chercheurs pointent également du doigt une autre hypothèse. Quand les femmes conduisent, elles ont tendance à avoir leur siège plus proche du volant, ce qui peut contribuer à les coincer lors d’un accident. Au-delà de ce dernier point, les chercheurs espèrent que leurs données par sexe aident « les constructeurs, les organisations de sécurité routière et les services d’urgence à adapter leurs services dans le but d’obtenir des résultats équitables en matière de sécurité tout en réduisant les risques excessifs pour un sexe ou un genre en particulier ».

Réduire les inégalités partout, c’est un chantier colossal. Mais surtout une nécessité pour une société plus inclusive et plus sûre pour tout le monde.