" layout="nodisplay"> À quoi ressemblera la mobilité dans 50 ans ? Un futurologue nous répond
LA NOUVELLE MOBILITÉ S’EXPLORE AVEC
Detour
Accueil / Déjà demain / À quoi ressemblera la mobilité dans 50 ans ? Un futurologue nous répond
À quoi ressemblera la mobilité dans 50 ans ? Un futurologue nous répond
Vincent Pons |  23/03/2021 09:45
À quoi ressemblera la mobilité dans 50 ans ? Un futurologue nous répond

Vous ne savez pas de quoi sera fait l’avenir en matière de mobilité, mais Gael Queinnec peut vous aider à l’imaginer. Son travail ? Directeur prospective mobilité pour le groupe Michelin.

Il y a 50 ans, nous imaginions déjà que l’avenir de la mobilité serait la voiture volante. Pouvons-nous imaginer qu’enfin d’ici un demi-siècle, cela devienne une réalité ? 

Oui, les technologies le permettront. Notamment des modèles hybrides permettant des « sauts de grenouille » au-dessus d’un obstacle (une rivière, ou un accident…). Le mot « impossible » ne fait pas partie du lexique de la prospective. Je dirais juste que nous n’y croyons pas. Pour une raison structurelle et une autre plus pratique.

Résultat de recherche d'images pour "hyundai TIGER"

La raison structurelle étant qu’en 2050-2060, nous serons beaucoup plus conscients des limites planétaires et contraints énergétiquement. Or pour voler, il faut dépenser de l’énergie juste pour s’extraire de la gravité, alors que les véhicules à roue utilisent la gravité, qui est une énergie gratuite et non polluante. Donc chaque fois que leur utilisation est possible c’est la meilleure solution environnementale, pour ce qui est lourd.

La raison pratique c’est l’atterrissage. Si l’on admet qu’il y aura encore des véhicules ou personnes au sol, comment leur dit-on « poussez-vous, j’atterris » ? On ne peut le concevoir que pour un atterrissage vertical de type hélicoptère, mais c’est plus exigeant énergétiquement. Donc, oui l’hélicoptère a certainement un avenir, mais pour des usages limités, sans doute élitistes, et en tout cas pas de nature à remplacer les véhicules roulants.

“Un jour, plus personne ne saura réparer un moteur thermique”.

Le parc automobile deviendra-t-il enfin neutre en émission carbone ?

À cet horizon; je le crois sincèrement et l’espère encore davantage ! Il y a deux dimensions à considérer : l’énergie pour avancer et freiner, mais aussi le besoin de ressources pour fabriquer le véhicule. Cette deuxième partie est moins prête technologiquement, mais l’on peut espérer que l’on parviendra à une totale neutralité environnementale d’ici-là, ou pas loin.

1950s Flying Car of the Future Ad

La voiture électrique est-elle une solution viable sur le long terme ?

Nous le pensons. Aujourd’hui, son bilan environnemental pose encore question, à fortiori dans la plupart des pays où l’électricité n’est pas encore décarbonée. Mais nous ne sommes qu’au tout début, les technologies vont énormément progresser vers la neutralité, en même temps que la part des énergies renouvelables. Et puis à partir d’une certaine diffusion, cela deviendra irréversible en termes d’expérience de conduite – infiniment plus moderne – et d’infrastructure, de réparation notamment (un jour, plus personne ne saura réparer un moteur thermique). On peut penser qu’un bio-carburant durable dans un moteur diesel serait une alternative séduisante, voire supérieure, mais cela arrivera trop tard : nous pensons que la révolution électrique est irréversiblement enclenchée.

La mobilité à la demande comme les trottinettes, scooter et autres sont-elles un scénario d’avenir ?

Pourquoi assimiler la mobilité à la demande à certains véhicules deux roues ? Ce sont deux sujets différents. On peut avoir toutes sortes de véhicules à la demande. Et chaque type de véhicule a un compromis différent d’avantages et d’inconvénients, qui laisse une place à tous les véhicules actuels et bien d’autres à venir. La limite environnementale étant l’excès de renoncement à la marche : dans le cas des trottinettes ou de certaines organisations urbaines imposant la voiture même en dessous de 500 mètres, on peut penser qu’on rationalisera cela.

“Aujourd’hui, les voitures ne sont utilisées qu’à 4% de leur capacité, les transports publics qu’à 25%. Ce sont parmi les pires performances de l’Humanité.”

Demain, serons-nous locataires de mobilité plus que propriétaires ?

Je le crois et je l’espère. Je le crois parce que c’est le meilleur moyen de mieux utiliser les ressources que nous prenons à la Terre pour nous mouvoir. Aujourd’hui, les voitures ne sont utilisées qu’à 4% de leur capacité, les transports publics qu’à 25%. Ce sont parmi les pires performances de l’Humanité : prélever 10 à 20 fois plus de planète que nécessaire, juste par désorganisation. Ça n’est possible que parce que nous ne payons pas le coût de notre impact environnemental. Plus nous le paierons, plus nous chercherons à le partager.  Aujourd’hui, les modes de financement en location peinent à trouver la rentabilité à cause de cette distorsion, dans laquelle nous nous piégeons nous-mêmes. Mais sortir du mode propriétaire suppose une réorganisation profonde, qui supposerait des coups de pouce des pouvoirs publics. Pourquoi un bien partagé paie autant de TVA qu’un bien propriétaire ? On pourrait glisser de la TVA à la TVE, la taxe sur la Valeur Extraite (de l’environnement). Enfin je l’espère, parce que la propriété divise alors que le partage réunit. Je préfère un futur contractuel à un futur conflictuel.

Parlons maintenant de la voiture autonome, aura-t-elle sa place sur la route ? 

La voiture autonome n’est pas plus écologique que la voiture à conduite humaine, au contraire, puisqu’on confie à des machines des tâches que notre biologie pourrait faire. La voiture autonome a des avantages et des inconvénients mais elle n’est pas sur le chemin critique de la transition environnementale. Et quelle voiture autonome : la voiture sans chauffeur entièrement automatique ou la voiture à conduite assistée qui essaie de conjuguer le meilleur de la technologie et de notre biologie ?

“Pourquoi le camion qui livre l’alimentation le jour ne pourrait pas être camion poubelle la nuit ?”

Qu’en sera-t-il de l’industrie aéronautique ? 

L’aérien existera tant qu’il y aura des océans et des montagnes entre certains humains. Ou alors on suppose que ces humains, soit ne coopéreraient pas, ou coopéreraient virtuellement. Je ne crois ni à l’un ni à l’autre. Et il me semble que l’avion est une excellente solution de transport aérien, d’autant que cette industrie mène également de gros efforts en matière de décarbonation. On a sans doute abusé du fait du prix trop bas des énergies fossiles : je suppose que la part du transport par avion baissera, mais pas jusqu’à 0.

Pour finir, selon vous, quelles pourraient être les grandes surprises de la mobilité d’ici 50 ans ? 

La mobilité positive. Imaginez qu’en bougeant nous régénérions la planète ! Certaines espèces y arrivent, pourquoi la plus intelligente n’y parviendrait-elle pas ? Imaginez chez Michelin que nous produisions un pneu qui nettoie la route, qui engraisse le sol, qu’on puisse mettre au compost… Avant cela, le multifonctionnel pourrait être un énorme levier de meilleure utilisation des ressources. Pourquoi le camion qui livre l’alimentation le jour ne pourrait-il pas être camion poubelle la nuit ? Pourquoi les bus et les métros ne pourraient-ils pas livrer nos magasins la nuit ? etc. Plus prosaïquement, le paiement à l’usage : imaginez que l’on paie notre voiture au kilomètre ? On en aurait à la fois un usage beaucoup plus raisonné, et beaucoup plus de gens y auraient accès. Enfin la mobilité coopérative : je me mets derrière toi et je te restitue une partie de l’économie d’énergie aérodynamique – considérable – que cela entraîne. Tu passes près d’un point de chargement et de livraison, tiens, je te passe un colis ou une remorque. Tout cela existera dès que nous paierons le vrai prix de l’utilisation de la Planète : en ne le faisant pas, on bride l’intelligence du système libéral. 

Mobilité du futur mobilité verte

VOUS AIMEREZ AUSSI
Qui sommes-nous?

Qui sommes-nous?

Une rédac curieuse et avide de vous faire découvrir la mobilité sous un autre jour

voir la page
Newsletter

Newsletter

Chaque semaine, 1 minute pour vous faire découvrir le meilleur de la mobilité

Contact

Contact

Envoyez-nous vos projets, idées, remarques ou juste un bisou

nous ecrire
De quelle solution mobilité avez-vous besoin aujourd'hui?
Retour
De quelle solution mobilite avez vous besoin aujourd'hui?
Faites votre choix !