
Manque-t-on de bornes de recharge pour les voitures électriques ? Non : il y a surtout trop d'abonnements pour les utiliser. Mais les réseaux sont-ils prêts à s'harmoniser pour faciliter la vie des automobilistes ? Rien n'est moins sûr...
Si vous avez acheté une voiture électrique récemment, vous avez découvert la complexité du réseau de recharge : Q/R code, cartes… La difficulté est moins de trouver une borne que d’avoir l’appli du réseau qui la possède. Chargemap, Izivia, Ionity… les services d’abonnement sont nombreux et, s’il est possible d’utiliser une borne hors de votre réseau grâce à l’interopérabilité votée dans la loi LOM, le coût hors abonnement peut être bien supérieur. Ce qui fait que de nombreux automobilistes rêvent d’un service qui les recouperait tous, à la manière d’un Netflix ou Spotify des bornes. Puisque Tesla vient d’ouvrir son réseau à ses concurrents aux Pays-Bas, on peut penser penser que c’est faisable. Mais une entente cordiale sur les prix est-elle possible ?
@mobilygreen Comment utiliser vos bornes ? J'ai essayé recharger à votre borne à Carrefour market Ouistreham. La borne a rejeté mes six cartes de recharge (Chargemap, Shell Recharge, Maingau, et autres) et ma carte bancaire. Il n'y a pas d'instructions sur la borne. pic.twitter.com/VIJL1aG7jW
— Dan Jacobs (@_danjac_) August 15, 2021
L’union sacrée. Ce qui rend enfin cette perspective possible, c’est la hausse du nombre de clients potentiels avec l’explosion des ventes de voitures électriques. Une société qui négocierait l’achat en gros de kilowattheures de recharge auprès des réseaux existants et le retranscrirait en abonnements mensuels, comme le font les plateformes de streaming, serait assuré de trouver une rentabilité.
L’autre point qui va dans le sens de cet avènement d’un provider central, c’est le fait que les constructeurs cherchent de moins en moins à augmenter l’autonomie des voitures, car les batteries alourdissent la masse et le prix des véhicules. La recharge devient donc un acteur central de la mobilité électrique. Et c’est justement ce qui complique l’avènement d’un réseau de recharge unique.
Des tensions sur la ligne (électrique). Le marché est de plus en plus profitable et les grands groupes veulent leur part du gâteau. Le géant Amazon est ainsi entré au capital du réseau de bornes Resilient Power, et les (très) grands fonds d’investissement (dont BlackRock) lorgnent sur le secteur. Sans compter le pétrolier TotalEnergies qui équipe ses stations service de bornes et le conglomérat de constructeurs européen Ionity qui a jeté son dévolu sur nos aires d’autoroutes. Et les réseaux d’aujourd’hui, ceux qui se sont installés avant les primes à la transition ? Ils espèrent sans doute être rachetés par ces grands groupes et rentabiliser ainsi leurs investissements.
Alors faut-il désespérer ? Pas forcément car malgré leur gourmandise, toutes ces entreprises ont en commun leur dépendance. Contrairement aux stations essence d’hier, ces réseaux ne sont pas producteurs de l’énergie qu’ils revendent. Un tel acteur, comme Engie, Efi ou TotalEnergies par exemple, pourrait alors être en position de force pour créer un tel service global à l’avenir. On vous tiendra… au courant. D’ici là, il reste les services comme Freshmile qui regroupe déjà 100 000 bornes en Europe.
Les Tesla Supercharger ouverts à tous les véhicules électriques aux Pays-Bas ⤵https://t.co/tdsk7o5nrD
— TURBO M6 (@turbofr) November 3, 2021